Vous avez dit « CONFINEMENT » ? Par Bernadette Moussy

EJE, formatrice (enseignement des courants pédagogiques)

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enfants  jouent dehors
 Confinement. Pour qui ? Pour nous, les adultes, c’est un fait et cela nous bouleverse, que nous soyons en famille ou seuls. L’idée d’interdiction de sortir est difficile à vivre. Il nous faut justifier nos sorties, les limiter, noter l’heure. Ne pas dépasser une certaine durée. Si nous allons faire des courses et que nous traînons dans les allées de magasins, nous nous sentons coupables.
Comme ça fait du bien de sortir quelquefois de chez soi, si peu que ce soit, sentir le vent. Oui, l’air sur notre visage ! Sentir le soleil, les odeurs, écouter les oiseaux, marcher dans l’herbe. Des choses toutes simples que nous redécouvrons.

Mais les enfants, les petits qui sont confinés depuis plus ou moins deux siècles dans les crèches.1 Ils y arrivent vers 8h30, pour certains plus tôt et en repartent une dizaine d’heures après. Après avoir passé toute la journée dans la même pièce, peut-être avec la possibilité de déambuler d’un endroit à l’autre. A respirer les émanations de produit de nettoyage « parfumés et antiseptiques », pour repartir le soir en voiture sans avoir « pris l’air » de la journée.
« On va prendre l’air »Combien de fois est-ce exprimé dans les lieux d’accueil de la petite enfance. Ce serait bien de dire : on va prendre la pluie, la neige, le froid, la chaleur, le vent…Le vent surtout ! Et le soleil.

Il fut une époque où entre les deux guerres, on sortait les enfants pour leur santé. Je me souviens de ce jardin d’enfants2qui s’intitulait : « Toute l’enfance en plein air ». Un vrai programme ! Il fut créé vers 1920 après la guerre de 1914, dans un ancien terrain militaire, pour permettre aux petits enfants orphelins et pauvres du Nord Est de Paris de vivre au grand air. Une école de Jardinière d’enfants (actuellement département EJE de l’IRTS de Montrouge) fut annexée. Les étudiantes faisaient du jardinage. Où est passé LA NATURE dans l’enseignement des EJE ?

S’il ne s’agit plus de lutter contre la tuberculose comme il y a 100 ans, il a été observé que les enfants qui ont la chance d’être dans une halte-garderie en plein air sont très rarement malades. Le personnel de même. Sans oublier toute la richesse éducative par l’ouverture sur le monde de la nature. Il y a aussi l’équilibre psycho moteur dont l’enfant bénéficie, en plus des relations avec les autres qui sont plus sereines. C’est, en plus des travaux de Valérie Roy, ce que propose de l’association Ecolo-crèche-label-vie depuis plus de dix ans.

Alors profitons de l’expérience non désirée que nous sommes en train de vivre. Nous, les parents, pour comprendre certaines réactions « excitées » des enfants lorsqu’ils rentrent (ou rentreront) de la crèche. Faire un tour avant de retourner à la maison nous détendra eux et nous et nous passerons un moment ensemble ou…tout autre moment dehors. Pour les professionnels, il est souhaitable de découvrir tous les écrits, les informations scientifiques ou pas sur les bienfaits de la nature sur les enfants et…sur nous-même. Cela nous donnera des arguments pour sortir les enfants, auprès de parents « frileux ».

Cette période nous a donné l’occasion, pour certains d’entre nous de redécouvrir l’importance des choses toutes simples, que nous n’entendions plus, que nous ne voyons plus. Partageons-les avec les enfants et laissons les enfants nous la montrer.


1 Création des premières crèches en 1844.
2Ce jardin d'enfants existe encore, à Courbevoie, dans un boulevard.
Article rédigé par : Bernadette Moussy
Publié le 27 avril 2020
Mis à jour le 27 avril 2020