Les tribulations du cahier de liaison. Par Françoise Näser
Assistante maternelle, auteure
Pourtant dans ce cahier, Nounou avait mis beaucoup d’elle-même : des photos qu’elle avait prises du quotidien des enfants bien sûr, les montrant jouant seuls ou à plusieurs, participant à des activités, des sorties. Depuis les tous premiers jours de l’accueil, elle y avait inscrit le nombre de biberons, l’heure des repas, les menus, la durée des siestes, la température les jours de maladie, les petits bobos. Elle avait raconté de petites anecdotes aussi, les grandes et les petites victoires, noté les premiers mots d’enfant : elle voulait que le cahier soit agréable à consulter, plaisant à regarder, qu’il reste un joli souvenir de ces années passées chez elle. Elle aimait quand les parents réagissaient à ce qu’elle écrivait, elle aimait quand eux-mêmes y écrivaient quelques informations utiles, quelques mots décrivant leur week-end, la venue de Mamie ou les aventures de l’animal de compagnie. Le cahier de liaison jouait alors son rôle : il était un vrai lien entre la famille et elle.
Qu’il ait été acheté à la papeterie, commandé sur un site, bricolé soi-même, qu’il soit plastifié, coloré, illustré ou simple cahier scolaire, qu’il soit un agenda précis permettant de noter les jours de présence, les heures supplémentaires, les congés payés, ou bien vierge de toute annotation, simple page blanche laissant libre cours à l’organisation spécifique de chaque professionnelle, le cahier de liaison est pour beaucoup d’entre nous un outil de travail apprécié. Pourtant, certaines assistantes maternelles ne souhaitent pas en avoir : jugé peut-être inutile, encombrant, chronophage. D’autres préfèrent les échanges plus directs le soir ou le matin, les transmissions orales, sans traces écrites, d’autres encore ont pu faire de mauvaises expériences : cahier utilisé à mauvais escient, tombé entre de mauvaises mains, utilisé comme preuve dans une procédure …
La question du cahier de liaison fait souvent partie des demandes des parents lors des premiers entretiens : gage d’une bonne qualité d’accueil peut-être ou simple envie de garder un souvenir de leur bébé. Ravis que leur future assistante maternelle en propose un alors qu’ils n’y auraient pas pensé eux-mêmes, déçus qu’elle refuse d’utiliser cet outil alors qu’ils s’y attendaient, ou indifférents à la question, les parents portent tous un regard différent sur cet objet. Consulté compulsivement au début, comme un lien affectif puissant avec ce bébé qu’on a tant de mal à confier, puis plus rarement lorsque la confiance ou la routine s’installe, voire éventuellement plus du tout vers la fin de l’accueil, le cahier de liaison peut aussi parfois apporter son lot de déceptions.Le cahier de liaison abandonné tout le week-end au fond du sac a un petit air triste !
Alors c’en est fini du cahier de liaison ? Certaines collègues disposant d’un blog pour leur activité professionnelle y gardent une place pour les photos et les annotations quotidiennes, avec un code d’accès privé pour les parents. D’autres enfin se tourneront peut-être vers une version plus moderne du cahier de liaison, connectée, une application sur leur smartphone
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