Prendre le café avec les parents est un véritable acte professionnel ! Par Laurence Rameau

Puéricultrice, formatrice, auteure

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mère discute avec une professionnelle de la petite enfance en crèche
Les relations et la communication avec les parents sont récemment devenues des critères de qualité de l’accueil des jeunes enfants. En effet :
- En 2017 le Cadre national pour l’accueil du jeune enfant a défini comme principe N°3 que : « La relation entre l’enfant et tous les adultes qui l’entourent se construit en confiance et clarté ». Selon ce texte, pour se sentir bien accueilli, l’enfant, sensible à son entourage, a besoin que sa famille le soit aussi, car ses parents constituent son point d’origine et son premier port d’attache. En creux, le texte incite les professionnels à se départir des pratiques et des représentations normatives de leur métier d’accueillant pour aller vers des approches plus prévenantes et plus ouvertes à la différence.

Le concept se prolonge avec l’idée qu’un enrichissement mutuel entre les parents et les professionnels est possible dans le partage ses savoirs et les partenariats éducatifs. Les parents connaissent particulièrement bien leur enfant, les professionnels connaissent généralement bien les enfants et, de ce fait, les échanges entre les uns et les autres ne peuvent qu’aboutir à une meilleure prise en considération des besoins des enfants au niveau de leur accueil et de leur éducation.

- L’année suivante, en 2018, le Rapport sur l’accueil des enfants de moins de trois ans du Haut Conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge faisait un état des lieux sur l’offre d’accueil, tant du point de vue quantitatif que qualitatif. Ainsi l’initiative du Cadre national vers la réflexion qualitative se poursuivait. Le rapport constatait alors qu’il était nécessaire d’orienter qualitativement l’accueil des jeunes enfants vers une approche plus globale, prenant plus en considération les aspects rationnels et éducatifs et une implication plus forte des parents dans les lieux d’accueil.

 -  Ce qui a conduit cette instance à émettre récemment, en avril 2019, un nouveau Rapport sur le pilotage de la qualité, affective, éducative et sociale de l’accueil du jeune enfant. Le but est ici de donner des repères de qualité et de faire des propositions de pratiques, pour améliorer la qualité de l’accueil de la petite enfance. Il est une sorte de catalogue dans lequel il est possible de puiser les buts à atteindre et les repères jalonnant le chemin vers l’objectif final.

Ainsi, une des orientations est le fait : Qu’un accueil de qualité doit respecter la spécificité du développement global et interactif du jeune enfant, dans une logique de prime éducation. Dit ainsi, cela semble une évidence. Mais au fond c’est d’une grande importance.

D’une part le rapport concrétise l’orientation des modes d’accueil vers des missions d’éducation, et d’autre part il définit la qualité de l’accueil comme étant en lien avec ces missions éducatives, avec la prise en considération de la spécificité de la petite enfance comme une période de la vie où le développement est global et dépendant de l’environnement. Le rapport mentionne de nombreux repères en lien avec cette orientation. Par exemple il demande une personnalisation et une singularisation de l’accueil pour un ajustement des réponses apportées aux enfants, à partir des observations. Cela contredit de fait l’ensemble des pratiques systématisées comme les « procédures ou périodes d’adaptation ».

Autre exemple sur l’organisation des espaces qui doivent être plus ouverts à l’expérimentation, et favoriser l’itinérance ludique, tout en donnant du temps aux enfants pour faire ce qu’ils ont commencé. Ce qui contredit également toutes les organisations par groupe d’enfants devant suivre des activités chronométrées.  Ce qui est proposé c’est un accueil avec une pédagogie spécifiquement adaptée à la petite enfance et qui considère que le travail des professionnels consiste en l’organisation et l’accompagnement de l’activité libre du tout-petit, avec une observation active, favorables à ses apprentissages.

Concernant les parents, le Rapport de 2019 reprend l’idée du Cadre national de 2017 et insiste en ce sens dans une de ses orientations en mentionnant que : La relation entre l’enfant et tous les adultes qui l’entourent se construit en confiance et clarté. Ainsi c’est bien la famille qui doit être accueillie et pas uniquement l’enfant. Ce qui nécessite de former les professionnels à la relation et la communication avec les parents, d’augmenter les temps de présence des parents, de les laisser circuler dans tous les espaces de la crèche, et de favoriser le dialogue entre les parents et les professionnels. Toutes les équipes qui, parfois depuis de nombreuses années, privilégient des pratiques comme celle des temps de rencontres informelles autour des cafés parentaux, qu’ils soient organisés le matin en guise de petits déjeuners ou le soir en guise de goûters, répondent positivement à ce critère de qualité. Car partager un café avec un parent, dans une ambiance de convivialité, d’écoute et de respect a deux effets positifs. Le premier se rapporte à l’enfant et lui indique que les adultes qui s’occupent régulièrement de lui, ceux qui sont ses ports d’attache, s’accordent entre eux. Ils parlent de lui, mais aussi d’autres choses, ils sont bien ensemble et créent autour de l’enfant une ambiance positive, favorable à sa sécurité affective. Le second effet réside dans le partage des connaissances entre les parents et les professionnels présents.

Evoquer par exemple l’arrivée à la crèche de cet enfant et qui ne parle pas encore français, permet de soulever la question du bilinguisme et chacun y va de son commentaire ou de ses interrogations :
- Quel serait l’intérêt des « ateliers » en langue étrangère à la crèche ?
- Comment les enfants apprennent-ils à parler lorsqu’ils sont dans un environnement bilingue ?
-Y a-t-il des risques de bégaiement ou des retards de langage ?
- Ou au contraire cela permet-il aux enfants d’apprendre réellement les deux langues en même temps ?
- Mais alors y-a-t-il des conditions nécessaires, à la crèche comme à la maison ?
-    Et ensuite, après la crèche, quel suivi sera fait à l’école ?
C’est ainsi que nous créons des partenariats éducatifs avec les familles : réfléchir ensemble à ce qui est le mieux pour les enfants est ce qu’il y a de mieux pour eux !

Pour aller plus loin, suivre notre formation en ligne Les transmissions aux parents.
Article rédigé par : Laurence Rameau
Publié le 03 juin 2019
Mis à jour le 02 juillet 2019