Une chronique particulière pour une période si particulière ! Par Monique Busquet

Psychomotricienne

Istock
femme avec deux enfants
Que vous dire en cette période de crise?
Tout d’abord, mon immense solidarité autant pour les professionnelles qui doivent travailler, avec toutes les peurs qui les accompagnent, que pour celles qui ne peuvent pas travailler, avec sans doute d’autres peurs. Peurs pour sa santé et celles des siens. Peur de manquer de ressources.
Ces peurs dépassent de loin le secteur de la petite enfance. Nombre de professions sont autant dans la tourmente : sans aucuns revenus, et des aides plus qu’incertaines.  Se rajoutent à ces peurs, la difficile adaptation à des consignes qui ont varié, à des décisions parfois contradictoires. Mais aussi les incertitudes des lendemains,  de l’inconnu, les peurs du trop à faire, les peurs du vide !
Je pense aussi à ceux qui comme les soignants ont la double peine ou le double risque : au front eux-mêmes au travail et leurs propres enfants accueillis dans des conditions souvent acrobatiques…
 
Alors, aujourd’hui j’ai juste envie de partager quelques-unes de mes réflexion
s :
Dès les premières annonces de fermeture, j’ai été consternée de voir l’ensemble des journalistes et hommes et femmes politiques complètement perdus concernant les métiers de la petite enfance. Cela aurait presque pu être risible d’entendre leurs hésitations, leurs confusions de vocabulaire : au fait c’est quoi, celles que l’on appelle nounous : des assistantes maternelles, gardes à domicile ; au fait une crèche, une micro crèche, une MAM, c’est quoi ?
Mais il n’y a pas de quoi rire : c’est grave, tellement nos métiers sont essentiels pour les futurs adultes ! C’est comme si encore aujourd’hui, il ne s’agit pas de vrais métiers ! C’est aussi comme si le jeune enfant n’existe pas avant ses trois ans !
Et puis l’idée d’accueillir plusieurs enfants en les laissant à un mètre de distance, l’un l’autre ?
Je serais curieuse de voir comment vous faîtes…
 
Enfin, confinement oblige,  je ne suis pas en ce moment en contact avec des enfants.
Juste j’entends mon voisin de palier, qui vient d’avoir un an. D’habitude il gazouille gaiement dès qu’il sort de chez lui. En ce moment il est silencieux, comme son environnement. Comme s’il se mettait au diapason. Il n’entend plus de bruit, alors il s’adapte, il ne fait pas non plus de bruit. Ses parents soignants sont concentrés, fatigués, graves. Sans doute ce petit garçon se fait tout petit. Les autres enfants de mon immeuble sont aussi étonnement silencieux.
Les enfants sont des éponges : alors qu’est-ce que leurs antennes perçoivent en ce moment ? Du silence, des angoisses, des colères ? Comment faites-vous, malgré vos peurs, malgré le confinement pour laisser les enfants bouger, respirer, grandir, rire, s’émerveiller de la nature, du printemps, des oiseaux qui chantent ?
Et pour vous, comment faîtes-vous avec le trop plein pour celles et ceux qui gèrent propres enfants, scolarité, et peut-être travail ?
Comment faites-vous avec le vide, pour ceux et celles qui n’ont rien de tout cela ? Comment occupez-vous vos journées ? Ranger sans doute, mais j’espère aussi,  bouger, danser, jouer, rire, lire, découvrir, apprendre (il y a tellement de belles propositions gratuites en ligne, pour tout âge) !
Allez courage !
Article rédigé par : Monique Busquet
Publié le 01 avril 2020
Mis à jour le 01 avril 2020