Et moi alors ? Par Nadège R

Assistante maternelle

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disputes bébés
En collectivité ou chez l'assistante maternelle on est souvent confronté à certaines petites violences quotidiennes entre les enfants. Disputes, "vols de jouets", morsures, cris, bousculades... Les enfants réagissent tous différemment à une frustration ou à la vie en collectivité.
La plupart du temps, ces petites violences sont rares ou passagères et les choses reprennent leurs cours. Mais parfois, dans quelques cas, elles deviennent un véritable problème au quotidien lorsqu'elles sont répétitives et fréquentes. Un enfant qui mord, ou pousse un autre enfant, , arrache les jouets des mains ou  les jette … se promène en pleurant.

Alors, parfois désemparés, on se tourne vers des livres, des articles ou la PMI, pour essayer de comprendre et analyser l'enfant en question pour ainsi essayer de l'aider, lui apporter une oreille attentive, ne pas l’isoler surtout ! Et agir comme il le faut ! Car derrière un enfant qui fait ça, il y a souvent de la colère, de la tristesse ou une grosse frustration. Et derrière cet enfant, il y a toujours un professionnel qui se remet en question, qui cherche, se questionne, et fait au mieux pour cet enfant. Cet enfant devient souvent le sujet de discussion numéro 1. On organise parfois les choses autour de lui. Bref on veut bien faire !

Mais moi, aujourd'hui, j'ai une pensée pour les autres ! Pour les “petites victimes” de ces violences plus ou moins graves.
Une pensée pour les petits qui sont régulièrement mordus par le même enfant, ceux qui se font pousser ou prendre leurs jouets parce qu'ils sont plus calmes que les autres. Celui qui doit prêter son jouet parce que l’autre enfant va faire une crise. Celui qui vient chez nounou ou à la crèche à reculons parce qu’il n'est pas suffisamment en confiance du coup.
Car oui…. Les articles, les revues les livres parlent tous des enfants en colère, un peu violents, et nous expliquent la souffrance qui peut parfois les animer. Oui cette souffrance est réelle et ici je ne la nie pas ! Mais la souffrance des copains et copines ? On en parle ?

Quand une nounou se voit retirer des enfants et perd donc des contrats car les autres parents en ont marre que leur petit se fasse martyriser par un autre, quand un enfant pleure et se replie sur soi car il n'est pas à l'aise à cause d'un autre enfant ou quand un enfant qui a été mordu régulièrement doit quand même composer avec la présence de l'enfant qui lui fait ça ?

Il ne faut pas isoler le trouble- fête ! Oui on le sait ! On est même d'accord ! Mais on fait quoi alors quand la présence de cet enfant provoque le mal être des autres petits ? On a toutes plus ou moins connu un ou plusieurs enfants difficiles. Qui tape , crie, mord, pousse, hurle pour se faire comprendre. On a tous connu ce moment où tu ne peux pas laisser cet enfant seul car il a besoin de l'adulte confiant et protecteur. Mais lorsqu'on se retrouve face à ses petits copains terrifiés, en larmes parce qu'ils ne se sentent pas assez protégés. Parce qu'ils mangent et jouent dans les cris de colère de leur copain… Elle est où la bonne marche à suivre quand finalement à la fin de la journée on a cette impression qu'en ne voulant pas isoler l'enfant en souffrance, on a fait souffrir tous les autres ?

Il n’y a sûrement pas de bonnes attitudes. Il faut leur parler, expliquer avec des mots simples. Mais ce n'est pas miraculeux non plus. Donc aujourd'hui j'ai envie de penser aussi à tous ces petits qui, parce qu'ils ne disent rien, sont aussi parfois bien en souffrance et je sais que pour eux aussi nous faisons ce que l'on peut…   
Article rédigé par : Nadège .R
Publié le 29 novembre 2018
Mis à jour le 14 décembre 2018