Le burn out des assistantes maternelles. Par Nadège R

Assistante maternelle

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femme fatiguée avec bébé
Le burn out vous connaissez ? Ce nouveau mot à la mode que l'on entend partout. Souvent associé à la charge mentale d'ailleurs… Normalement, tous ces termes devraient vous parler, je me trompe?
Mais si on ne va pas chez le médecin, comment le diagnostique-t-on, ce gentil petit burn out ? Honnêtement je ne saurai vous dire… Peut-être que sans aller jusqu'à ce terme atteint, on en peut juste plus. Et on le sait. Toi, qui travaille avec des enfants, ou toi maman débordée, tu sais de quoi je parle ! C'était quand la dernière fois que tu as pleuré sous la douche ou en remuant juste des pâtes ? (si si je vous assure ça m'est arrivé !)

J'adore mon métier. Je ne me verrai pas faire autre chose. Mais en ce moment tout me semble dur. Toi aussi ?
Depuis quelques mois nous accueillons une majorité de bébés. On les adore. Mais ce sont des cris perpétuels. Le lundi c'est celui-ci, qui a un jour “sans” comme on dit, qui va pleurer pour un rien, ne pas manger, ne pas dormir. Le lendemain ce sera l'autre, puis son copain le jour suivant. L'un va vomir au moment même où un autre va refuser d’être posé au sol… il y a celui qui refuse de manger, l’autre qui n'est bien que dans les bras. Bref…. Vous imaginez le tableau…
Étant maman et nounou je garde mon koala avec moi. Je ne le regrette absolument pas !! Mais ce n'est pas de tout repos. Quand la journée il a été difficile, il faut rentrer le soir avec. Et enchaîner les corvées alors qu'il est déjà bien tard. Le matin il faut se lever tôt. Enchaîner de nouveau les pleurs des petits, courir partout, et rebelote…Tous les jours. Une lassitude s'installe. Si en plus on ne se sent pas épanouie, qu'à la maison ça ne va plus, alors même le travail le plus épanouissant du monde peut venir, par ses facettes particulièrement difficiles, venir nous achever.
Que celles qui n’a jamais entendu le fameux “ça va tu travailles chez toi !”, “S’occuper d'enfants c'est pas trop dur”, “ça dort tout le temps un bébé”, “tu passes ton temps à jouer”...
Bref, comment peut-on oser se plaindre après ça ?

Comment expliquer le bruit des jouets qui chantent, qui se fracassent au sol, le stress provoqué par les pleurs, la fatigue physique, émotionnelle aussi, les caprices qui énervent, les chagrins qui font de la peine, les remarques des parents, pas toujours tendre, ça dépend. Bien sûr il y a des bonnes choses, mais quand on est crevée, fatiguée, et que ça s’accumule… on ne retient que les mauvaises. Et le soir, la deuxième journée qui commence ! Qui finit souvent d'achever une journée déjà difficile.
Entendre les autres se plaindre d'être fatigué devient un véritable supplice, alors que soi- même on se tait, on le cache, on fait avec. Bref on se fait violence. Du coup la colère s’installe : certaines se sentent incomprises, d’autres ne se sentent pas soutenues. L'impression d'être un robot des tâches ménagères : “laisse, tu le feras demain !” (ben oui parce que demain ça ira forcément mieux !).

L'impression d'en vouloir au monde entier, au bord de la crise de nerf et avoir de plus en plus de mal à rire, puis à sourire. Jusqu'à se sentir éteinte…Le burn out quoi !
Mais on ne peut pas être en arrêt. Maman c'est H24, et puis on les aime nos enfants ! Que va-t-on penser de nous si on parle de fatigue ? Nounou, que vont devenir les parents ? Je ne peux pas leur faire ça ! Et la collègue on peut pas la lâcher, elle aussi est fatiguée.
Et puis, soyons honnête : financièrement, un arrêt, on ne peut pas ! Parce que le crédit de la baraque, les factures, ils s'en fichent de ton burn out eux ! D'ailleurs qui ça intéresse ? Une nounou une maman ça doit assurer : elle ne peut pas être fatiguée ! Et si elle l'est, ce n'est jamais aussi grave que chez les autres ! “Elle ne sait pas s'organiser”, “elle n’a qu'à pas travailler”, “il faut savoir se reposer”! (Et la marmotte elle met le chocolat, dans le papier alu…)

Et oui parce que maman ou nounou, le burn out c'est pas pour nous ! (Et pis c'est tout !)


 
Article rédigé par : Nadège R
Publié le 31 janvier 2018
Mis à jour le 06 février 2018

3 commentaires sur cet article

j'ajouterai même l'incrédulité de notre famille:le mari qui pense que vous en faites trop ,les contrats à horaires atypiques quisont devenus notre gagne pain car les établissement ont rarement des horaires avec une amplitude aussi importante.et toujours pas de statut de diplôme de professionnelle de la petite enfance! alors que nous sommes l'un des métiers à hautes responsabilités (et à hauts risques!)
j'ai oublié le s àla fin de établissement....
Vous oubliez aussi les parents qui nous jettent comme des vieilles chaussettes.