Préparations infantiles : comment s’y retrouver ?

L’OMS recommande aux mères l’allaitement maternel exclusif jusqu’aux 6 mois de l’enfant. Cependant, lorsque les mères ne peuvent pas ou ne souhaitent pas allaiter, les préparations infantiles répondent aux besoins nutritionnels du bébé dès les premiers mois de vie. Avec plus de 299 produits sur le marché, choisir un lait n’est pas toujours aisé. Comment y voir plus clair ? Des informations pour vous y retrouver.
Le marché propose  actuellement de 3 catégories de laits infantiles. Tout d’abord, les préparations 1er âge pour les bébés bien portants de 0 à 6 mois, despréparations de suite dites 2e âge, débutées au moment de la diversification (de 4 à 6 mois jusqu’à 12 mois) et enfin des laits de croissance (de 1 à 3 ans). Dans chaque groupe, il y a différentes formules dont une « base de composition » est imposée par la législation française et européenne. Les variantes se situent au niveau de l’existence ou non de certains ingrédients et de leur quantité.
 
La composition des laits
Toutes les formules sont élaborées à partir de lait de vache. Celui-ci est adapté pour rendre ses protéines plusdigestes, et la teneur en lactose est renforcée pour rendre la concentration équivalente à celle du lait maternel. Il est écrémé et les graisses sont remplacées par des graisses végétales et des acides gras qui le rendent plus digeste et adapté à la croissance et au développement du tout petit. Un complément en minéraux, en oligo-eléments et en vitamines est ajouté pour prévenir les carences. Concernant la quantité de protéines, elle a tendance à diminuer dans les laits 1er âge (1,4 à 1,9g/100ml) pour être au plus près de la composition du lait maternel (1,1 à 1,2g/ 100 ml) et pour éviter les effets délétères des excès en protéines. Une étude parue dans l’American Journal Of Clinical Nutrition montrait que les bébés nourris aux laits infantiles riches en protéines avaient un risque d’obésité multiplié par 2. Mais rassurons-nous, les laits commercialisés en France sont très en deçà des seuils de protéines testés dans cette étude ! Ces quantités de protéines augmentent dans les laits 2e âge (1,5 à 2,4g/100 ml) ainsi que dans les laits de croissance (1,8 à 2,7/100ml).Les laits contiennent aussi des glucides, souvent de la dextrine-maltose et du lactose qui donnent une meilleure impression de satiété, certains de la saccharose pour améliorer le goût. La part lipidique, nécessaire au développement cérébral et à la maturation des fonctions neuro-sensorielles du bébé (*ANC 2001 et SCF 2003) est constituée de matières grasses d’origine végétale et d’acides gras essentiels, l’acide linoleïque (oméga 6) et de l’acide linolénique (oméga 3). Certaines préparations contiennent de l’acide palmitique pour optimiser l’absorption des lipides, la biodisponibilité du calcium et accélérer le transit. L'acide palmitique garantit un profil lipidique proche de celui du lait maternel. Les besoins lipidiques chez le bébé représentent une part importante, puisqu’il est de 30 à 40 % de la ration calorique. On trouve aussi sur le marché des laits enrichis en probiotiques ou prébiotiques qui exercent un effet bénéfique sur la flore intestinale en se rapprochant de celle induite par l’allaitement maternel. A la diversification alimentaire va correspondre la transition vers le lait 2e âge, 20 fois plus riche en fer que le lait de vache. Il contient des protéines, des glucides, des lipides, des vitamines (E, D) et des sels minéraux (fer, phosphore, calcium…), il apporte plus d’énergie. Par la suite, les laits de croissance adaptés jusqu’à l’âge de 3 ans sont supplémentés en vitamine D, fer, acides gras essentiels et s’adaptent aux besoins nutritionnels de l’enfant sans risque de surpoids.

Les laits spécifiques
Si le bébé présente des troubles digestifs fonctionnels (hors situations pathologiques induisant des troubles digestifs comme les otites, infections urinaires…) les différents constituants du lait peuvent avoir des effets sur le transit, les régurgitations... Le changement de lait peut alors rassurer les parents et peut-être améliorer la situation. Voici un tableau récapitulant l’amélioration possible de certains troubles digestifsen augmentant certains composants :



Sources : www.laits.fr

Martina Weber, Veit Grote, Ricardo Closa-Monasterolo, Joaquı´nEscribano, Jean-Paul Langhendries,Elena Dain, Marcello Giovannini, Elvira Verduci, DariuszGruszfeld, Piotr Socha, and Berthold Koletzkofor The EuropeanChildhoodObesity Trial Study Group. Lower protein content in infant formula reduces BMI and obesity risk at school age: follow-up of a randomized trial. Am J Clin Nutr 2014;99:1041–51.

Médecine et enfance – avril 2010 - O. Mouterde département de pédiatrie, CHU, Rouen Université de Sherbrooke, Canada avec l’aide d’A. Bocquet, C. Copin et P. Tounian

Le pédiatre Tome XLIII N°223 – Les laits infantiles différences de composition et allégations

*ANC : apport nutritionnel conseillé  SCF : Comité Scientifique Européen de l’Alimentation Humaine 


 
Article rédigé par : G. Dahan-Tarrasona, sage -femme
Publié le 03 mars 2016
Mis à jour le 09 août 2019