Ainsi font font font les petites marionnettes

Ca fait longtemps que vous n’avez pas sorti les marionnettes ? C’est peut-être le moment de le faire ! Ces petits accessoires peuvent en effet vous être d’une grande aide au quotidien. Explications avec Lise Bartoli, psychologue.
Une marionnette pour s’identifier
Les enfants ont la capacité de se projeter immédiatement dans une histoire et de s’identifier aux personnages. C’est la même chose avec une marionnette quelque soit la forme qu’elle revêt : enfant, animal, chaussette… Néanmoins, si vous choisissiez un loup, attention ! Il représente celui qui fait peur dans l’imaginaire collectif. Ils ne s’identifieront donc pas au loup. En revanche, si vous donnez un nom à la marionnette qui commence par « petit », vous pouvez être sûrs qu’ils s’y identifieront. Tentez ainsi  « petit loup » « petit crapaud », « petit ours »…
« Les enfants ne mentalisent pas, ils sont dans la focalisation de l’histoire », explique Lise Bartoli. Il suffit de voir à quel point ils réagissent dans un spectacle de marionnettes pour s’en apercevoir. Ils crient, préviennent le policier, alertent le personnage principal. Ils vivent l’histoire ! « Etre dans cette focalisation est une façon d’entrer dans un état de connexion avec l’inconscient qui permet d’aller modifier de petites choses », poursuit la psychologue.

Observer le lien d’attachement
Certaines histoires que vous inventez peuvent vous permettre d’observer le lien d’attachement des enfants, notamment chez les plus grands qui savent parler. C’est la façon dont ils vont appeler leur papa, leur maman ou leur référente quand quelque chose ne va pas. C’est courir vers la personne, rire, pleurer, crier, en d’autres termes, attirer l’attention pour signifier que l’on a besoin d’être rassuré. Pour pouvoir observer ce lien d’attachement, il faut construire une histoire dans laquelle il arrive quelque chose à la marionnette. « C’est un petit garçon qui se baladait dans la forêt et qui est tout à coup perdu ».
Donnez ensuite la parole aux enfants : « et alors ? Qu’est-ce qu’il se passe ? ». A l’écoute des réponses, vous pourrez voir si les petits activent leur système d’attachement, voir s’ils appellent à l’aide, s’ils trouvent une solution. « On s’aperçoit alors que les enfants moins sécures que d’autres ne trouvent pas de solution. Ils ne savent pas quoi faire. Il sont gelés dans leur capacité à activer leur système d’attachement », explique Lise Bartoli. « A l’inverse certains l’activent trop, leur marionnette pleure à chaudes larmes, ou s’effondre, comme eux dans la vraie vie », poursuit-elle.
Votre rôle est alors de prendre la réponse la plus appropriée d’un enfant du groupe et de continuer l’histoire avec cette idée en demandant aux enfants ce qu’ils en pensent. « Timothée propose que le petit garçon appelle sa maman. Vous êtes d’accord ? » Cela permet ainsi de planter une petite graine dans l’inconscient de l’enfant qui lui prouve qu’il y a toujours des solutions.

Identifier et gérer un problème
Les marionnettes favorisent l’expression des émotions et des sentiments des enfants. Ils ont souvent du mal à les exprimer. Passer par le jeu des marionnettes avec les plus grands de la section peut donc être un excellent moyen de les aider à verbaliser leurs ressentis et de mieux les comprendre. L’émotion peut d’ailleurs être mimée par les professionnels, accentuée par des sons etc…Vous observez un enfant un peu solitaire ? Proposez-lui alors une histoire avec la marionnette « petit crapaud » qui aimerait bien être comme tout le monde et aller sauter lui aussi dans la marre, mais qui n’y va pas. « L’inconscient va immédiatement s’identifier au petit crapaud, » commente Lise Bartoli. Vous pouvez alors demander à l’enfant concerné de trouver des solutions pour « petit crapaud » et voir ainsi ce qu’il propose, découvrir ce qui le bloque peut-être l’aider à trouver la solution pour la marionnette. Il pourra alors s’en servir pour lui-même, de façon inconsciente. De la même façon, pour les plus grands, vous pouvez leur proposer de prendre quelques marionnettes et leur demander de vous conter une histoire. « Vous pourrez ainsi laisser émerger ce qui les travaille depuis leur inconscient », ajoute la psychologue. A la fin de l’histoire pensez toujours à lui faire un retour très positif du genre « bravo pour l’histoire ! », « ça m’a bien plu ton histoire ! »

Développer l’imaginaire et permettre un apprentissage
Sans chercher à identifier un problème particulier, la marionnette peut aussi tout simplement être un jeu formidable pour développer leur imaginaire. Inventez le début d’une histoire, demandez-leur de continuer la suite, d’imaginer ce qui arrive à la marionnette, ce qu’elle répond à un personnage, comment elle se rend dans un endroit ! « Cela va aussi permettre d’activer les diverses possibilités que le petit a en tête et d’en découvrir de nouvelles. Si une possibilité est comme un petit crayon, on peut alors dire qu’à chaque histoire, le petit ajoute un crayon dans sa trousse, » développe Lise Bartoli. Les moyens peuvent tout à fait contribuer à l’histoire ! Grâce à une question ouverte qui appelle une réponse précise, les enfants qui commencent à savoir parler pourront eux aussi compléter l’histoire.
C’est aussi l’occasion de faire de nombreux apprentissages avec tous les enfants de la structure. Les plus grands parleront, les plus petits écouteront. Si vous parlez d’une marionnette qui se balade dans un champ de fleurs, vous pouvez demander aux enfants de nommer les fleurs qu’elle voit, leur couleur, leur forme, leur taille… Ces petites histoires simples n’ont pas de but précis. Elles sont juste agréables et permettent d’emmener les enfants dans un monde imaginaire et d’y apprendre quand même quelques petites notions. « Cependant, quelque soit le but recherché à travers ces marionnettes, ce moment doit toujours être un instant ludique et joyeux ! » conclut Lise Bartoli.
 
Article rédigé par : Laure Marchal
Publié le 27 novembre 2016
Mis à jour le 07 décembre 2017