7. Être aidé pour m’apaiser car je ne peux me calmer seul.

En raison de son immaturité cérébrale l’enfant est un être dépendant, son cerveau n’est pas prêt à l’emploi ! Il ne peut pas gérer ses émotions seul. Une grande partie du cerveau est dévolue à la rencontre humaine, il est primordial qu’elle se fasse dans de bonnes conditions. Tout ce que l’enfant va vivre dans ses rencontres affectives va modifier son cerveau. L’enfant n’a pas de filtres pour vivre ses émotions, il les subit de plein fouet. Pour se sentir en sécurité, il a donc besoin qu’un adulte prenne soin de lui, le protège et l’accompagne pour l’aider à réguler et à comprendre au fil du temps ce qui lui arrive. Il doit donc être aidé en permanence, il doit constamment être accompagné, il ne peut se passer de l’adulte. L’adulte doit donc être à ses côtés, pour pouvoir le regarder, lui parler, le consoler, faire attention à lui. Cette confiance, cette écoute, cette compréhension vont lui apporter un environnement stable et repérable, on sait aujourd’hui qu’il y a un lien direct entre sécurité affective et développement de l’intelligence.
Ce que nous dit la science
Le cerveau du tout-petit fonctionne principalement avec son cerveau archaïque qui est mature dès la naissance. Le circuit des émotions déclenche des réactions biologiques face aux éléments extérieurs vécus. L’enfant est envahi par ses émotions, il ressent des grandes colères, des grands chagrins, des grandes paniques, et n’a pas la capacité de prendre du recul et de s’apaiser seul, car son cortex préfrontal qui a cette fonction ne commencera à maturer, lui , que bien plus tard. Or lorsque l’enfant est envahi émotionnellement il va ressentir du stress qui est inhérent à la vie mais qui secrété en grande quantité va avoir un effet négatif et « attaquer » le cerveau. Le stress va entraîner la sécrétion de cortisol qui est une hormone qui en trop grande quantité freine la multiplication des neurones, diminue leur nombre, ce qui peut avoir à terme un effet désastreux sur l’apprentissage et la mémoire.
L’enfant peut devenir résistant au stress quand on prend soin de lui.
- À chaque fois que l'enfant rencontre quelqu'un de bienveillant, que ce soit par le regard, par l'échange, par un contact doux, il va sécréter de l'ocytocine, même sans contact physique.
- La stimulation sensorielle permet de secréter l’ocytocine qui agit sur les structures cérébrales impliquées dans la perception des émotions
- Laisser l’enfant faire par lui-même dans sa découverte, dans son expérimentation du monde est certes primordial mais tout en aidant toujours l’enfant
- L’enfant manque de moyens pour exprimer ce qu’il ressent, ce qu’il veut, pour comprendre ce qui lui arrive. L’enfant est dans l’action immédiate, il subit des impulsions sur lesquelles il n’a aucun contrôle.
- L’environnement joue donc un rôle important dans la manière d’exprimer ses sentiments. Les besoins de l’enfant seront satisfaits par la qualité du lien émotionnel

Les applications concrètes     
L’objectif principal et de toujours aider l’enfant à mieux vivre son débordement émotionnel. Il faut avant toute chose pouvoir accueillir avant de vouloir arrêter la situation

- Quand l’enfant pleure car il a faim, sommeil, est triste, en colère, il est primordial de prendre l’enfant dans les bras.
- Quand l’enfant est triste ou en colère, vous pouvez lui faire un câlin et l’aider à résoudre la situation rencontrée.
- Lorsque l’enfant est resté longtemps sans contact physique vous pouvez vous déplacer, vous asseoir à ses côtés, en le regardant, le touchant, lui parlant, lui souriant.
- Lorsqu’il se fait mal, vous pouvez vous déplacer systématiquement et lui faire un câlin et éviter le “ce n’est rien” qui n’a pas l’effet désiré pour se sentir mieux.
- Lorsque l’enfant doit patienter pour manger, vous pouvez lui proposer un jeu attractif dans un espace où le repas n’est pas visible
- Lorsqu’il a sommeil, vous pouvez le coucher et rester avec lui

Il est nécessaire d'être attentif aux besoins de l’enfant pour pouvoir reconnaître ses émotions et faire preuve d’empathie. Observez l'enfant dans son quotidien pour identifier quand et pourquoi il semble joyeux, triste, en colère, etc.

Questionner les pratiques professionnelles
Il est important d’interroger le regard que nous portons sur les colères, sur les manifestations bruyantes et désagréables de l’enfant
- Ne pas le laisser faire seul sous prétexte d’autonomie : lorsqu’il vous réclame de l’aider à mettre son manteau ne pas refuser sous prétexte qu’il sait faire ou qu’il doit apprendre
- Ne pas le laisser pleurer sans aller le voir, sans se déplacer vers lui, sous prétexte que vous verbalisez : les mots à distance pour rassurer ne se suffisent pas à eux-mêmes, un regard soutenant, un contact physique, de la proximité physique sont nécessaires
- Ne pas le laisser se débrouiller quand il y a un conflit entre enfants sous prétexte qu’il doit apprendre à faire des compromis :  quand il y a une interaction négative, un conflit entre enfant, quand par exemple un enfant veut le jeu d’un autre, ou si un enfant veut jouer avec un autre enfant qui ne veut pas : proposer un jeu identique, proposer un autre jeu attractif,  jouer avec l’enfant
- Ne pas le laisser se calmer tout seul dans un coin en attendant que sa colère passe sous prétexte qu’il n’aime pas le contact : un regard bienveillant, des gestes tendres vont lui permettre de secréter de l’ocytocine, mettre des mots sur les émotions et l’apaiser
 






 

Article rédigé par : Marie Defrance
Publié le 27 mars 2023
Mis à jour le 09 juin 2023