Faîtes confiance à vos intuitions. Par Amandine Micoulin

Puéricultrice, cadre de santé

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enfant grave
La scène se passe en crèche. Nous sommes en réunion d’équipe, en train de nous questionner sur le comportement d’un enfant que nous n’arrivons pas à traduire. Depuis quelque temps, il dort mal, il pleure souvent, il cherche l’adulte pour se réassurer et repousse ses camarades.
L’une des professionnelles se demande alors si le couple parental n’est pas en en train de se séparer. A partir de ce moment, le débat pluridisciplinaire s’anime, chacune a son mot à dire, son anecdote à raconter pour étayer cette théorie. Au final, mis bout à bout, tous ces éléments nous confortent dans notre idée de départ, Mattéo traverse une période difficile peut-être liée à un bouleversement familial. Cette conclusion sera confirmée par la suite par l’annonce du divorce de ses parents.

Suite à cette réunion, je m’interroge. Pourquoi nous a-t-il fallu la validation de cette question : « est-ce que les parents de Mattéo divorcent ? » pour exprimer nos observations face à ses difficultés ? Pourquoi ne pas avoir parlé de nos incertitudes avant ? De ce que nous avions observé ? Est-ce que mon équipe se sent assez à l’aise pour parler de ses doutes, pour oser s’exprimer spontanément en réunion ?

Au quotidien, nous faisons des observations que nous n’exprimons pas, qui restent dans un coin de notre cerveau. Elles s’animent lorsqu’elles sont validées mais se taisent la plupart du temps. Ces idées, nous ne les écoutons pas toujours, et pourtant, dans mon travail de directeur, j’ai pu constater que vos intuitions sont précieuses.
Mais de quoi s’agit-il exactement ?
Pour Einstein, l’intuition est une « sensation au bout des doigts », pour le philosophe Schopenhauer « la marque des œuvres de génie ». Récemment les neurosciences ont défini l’intuition comme quelque chose de quasi-physiologique. Le docteur Régine Zékri-Hurstel définit l’intuition comme « une bonne part d’informations sensorielles captées par notre cerveau mais qui ne parviennent pas à notre conscience ». Selon elle l’intuition « est connectée à notre banque de données sensorielles, toujours en mouvement… Les plus intuitifs sont donc ceux qui ont le mieux développé leurs qualités sensorielles… et émotionnelles ».Certaines personnes sont tournées vers cette perception et l’écoutent, alors que d’autres en font fi.  

Dans un métier où le sensoriel et l’émotionnel occupent tant de place, écouter cette petite musique intérieure prend tout son sens. L’intuition se trompe rarement, elle nous fait gagner du temps, elle est juste.
Si vous avez une petite voix au fond de vous qui vous questionne et vous amène contre toute attente à voir une situation par un prisme différent et bien… Ecoutez-vous, faites-vous confiance. Sans le savoir, vous avez certainement analysé sensoriellement diverses données et votre cerveau en a tiré une conclusion.
Est-ce qu’il ne vous arrive pas fréquemment, lorsque vous apprenez quelque chose de nouveau, de vous dire « ah oui, ça je le savais ! » ou « c’est vrai j’avais remarqué ! ».. ? Mais au moment où vous l’avez pensé, vous ne vous êtes pas écoutés, pas fait assez confiance pour valider ce ressenti.

Et pourtant entendre ses intuitions peut faire gagner du temps, permet de mobiliser ses ressources intérieures. Lorsque l’on se trompe en général, c’est qu’il ne s’agissait pas tant d’une intuition mais plutôt d’un désir ou même d’une crainte. Et c’est à nous de savoir décoder cela, n’oubliez pas que l’erreur est aussi une manière d’apprendre et d’avancer.
Une intuition professionnelle est partagée, travaillée et réfléchie ensemble, cela laisse la possibilité de se tromper, n’est-ce pas ?

Si je devais résumer ce que j’essaie intuitivement de vous dire, ce serait ces trois mots qui motivent mon travail au quotidien : « faites-vous confiance ! », et soyez positifs.
Article rédigé par : Amandine Micoulin
Publié le 02 octobre 2019
Mis à jour le 31 octobre 2019