Etre parent n’est pas être professionnel ni faire comme les professionnels ! Par Monique Busquet

Psychomotricienne

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Maman et bébé
Professionnels impliqués auprès des enfants que nous accueillons, nous avons souvent très envie que les parents de ces enfants fassent comme nous. En effet, nous faisons l’effort de nous former, d’apprendre, de réfléchir nos pratiques à partir des connaissances et des recherches les plus actuelles, nous  nous adaptons en permanence et essayons de faire ce qui nous parait le mieux  pour les enfants ( par exemple, laisser l’enfant trouver lui-même comment s’asseoir, ne pas le réveiller lorsqu’il dort, ne pas le mettre devant la télévision, être suffisamment disponible pour lui...)
Nous  mettons souvent beaucoup d’énergie et d’implication en nous engageant auprès des enfants accueillis.
Alors cela peut nous être difficile  lorsque les parents semblent ne pas comprendre  ou ne pas vouloir faire comme nous leur indiquons ou conseillons, par exemple lorsqu’ «  ils continuent à poser leurs enfants  assis alors que nous leur donnons des explications », ou bien lorsqu’« ils les mettent à la garderie du club pendant les vacances  sans prendre le temps de faire une  adaptation » ou encore quand « ils leur mettent la tétine dans la bouche même lorsque les enfants n’en ont pas besoin » !
Parfois nous pouvons avoir le sentiment d’être plus attentifs aux enfants que leurs parents eux-mêmes!  Alors, certains professionnels disent régulièrement que « le lundi, il y a tout à refaire..., que leur travail aurait été défait le week-end », ou « que les parents se reposent trop sur eux ».
Oui, être professionnel, c’est une posture, c’est travailler d’abord avec sa tête (et son coeur aussi bien sûr). C’est pouvoir prendre du recul et se remettre en question. C’est aussi faire autrement que ce que nous ferions spontanément.
Etre parent, au contraire c’est agir  d’abord avec son coeur, avec ses émotions et sa propre histoire.  Etre parent  ce n’est pas un métier, c’est une relation. C’est une responsabilité certes mais cela ne s’enseigne pas, cela se vit. Et il suffit d’ « être suffisamment bon »,  même « juste à peine bon ». C’est transmettre des valeurs, une culture, donner une place dans une famille.
Les parents cheminent avec leurs intuitions, leurs convictions, leur confiance en eux, leurs coutumes, et aussi leur inquiétude, leur culpabilité, leur peur du jugement et  leurs questionnements, même s’ils ne les expriment pas. S’ils le souhaitent,  ils peuvent  bien sûr écouter et entendre les informations données par les professionnels qu’ils rencontrent.
Nous pouvons leur proposer de partager nos connaissances, raconter ce que les enfants font avec nous, comment nous travaillons et le pourquoi de nos pratiques professionnelles.  Mais ne les jugeons pas, ne les critiquons pas. Acceptons ces différences et continuons à être des professionnels consciencieux avec les enfants.
Les parents n’ont pas  à faire comme nous !
D’ailleurs, nombreux professionnels expérimentent quand ils sont eux-mêmes parents, qu’ils perdent  leurs compétences professionnelles, ils deviennent aussi balbutiants, hésitants, parfois perdus que tout  autre parent et font bien souvent différemment avec leurs propres enfants.  Et c’est heureux pour leurs enfants !

 
Article rédigé par : Monique Busquet
Publié le 26 septembre 2017
Mis à jour le 27 septembre 2017