La famille, premier lieu de socialisation du petit enfant

Le nourrisson est un être de relations dès sa naissance. Il communique par le corps et par des manifestations émotionnelles. Cependant, un bébé n'est pas socialisé malgré ses capacités précoces de communication avec les autres.
Selon la définition du Larousse, « socialiser » signifie : « Adapter un individu aux exigences de la vie sociale ». Les exigences de la société changent selon les époques et les cultures tout comme le processus pour apprendre aux enfants à vivre en collectivité. A l'heure actuelle, la socialisation est facilitée par les connaissances sur le développement physique et psychologique des jeunes enfants. Pour comprendre le processus de socialisation chez le jeune enfant, nous commencerons par expliquer où démarre son apprentissage.

La socialisation primaire
Pour les parents, l’inscription de leur bébé dans une structure d’accueil collectif est souvent motivée par le désir de socialiser leur enfant au plus tôt. Or, la famille est le premier lieu d'apprentissage de la socialisation. Elle est transmisse par les parents, la fratrie et les grands-parents. On la nomme «socialisation primaire» et elle dépend des valeurs culturelles et familiales. La socialisation transmise par les parents et celle des établissements petite enfance ont un objectif identique : faire des « bons » citoyens pour la nation. Pourtant, les deux lieux utilisent des méthodes pédagogiques ou éducatives différentes.

Ces diverses méthodes s’expliquent par la différence des protagonistes avec lequel le jeune enfant rentre en interaction. Dans la famille, le bébé est en lien avec des personnes plus âgés (parents, frères, sœurs, cousins) qui s'adaptent à lui car elles sont socialisées. Or, dans les crèches, les interactions sont le plus souvent avec leurs pairs c'est-à-dire des enfants de leur âge donc non socialisés. Une famille se compose rarement de cinq bébés du même âge. Pour cette raison, les parents n'apprennent pas ou peu la vie en collectivité à leurs enfants. En principe, les bébés intègrent les crèches avec la notion de langage comme médiateur entre les individus. Pour le nourrisson, la communication passe par le langage verbal mais également par le langage corporel. L'enfant interprète les deux formes de communication. Il reproduira ensuite ce mode de communication avec les individus qui l'entourent.

Un enfant, deux socialisations
Quand on observe les valeurs des familles et des collectivités, on qu'elles fonctionnent en parallèle, voire elles se complètent. Prenons l'exemple de la notion d'espace entre les individus. Dans le livre de T.Hall : « La dimension cachée », il décrit comment chaque culture définit son espace corporel. Par exemple, si en heure de pointe, dans le métro ou le bus, un individu se serre contre vous, vous tolérez cette intrusion dans votre espace personnel car, la situation est compréhensible. Si ce même individu vous colle alors que des places sont disponibles, vous serez directement sur vos gardes. En effet, on vous a inculqué depuis votre enfance implicitement qu'on ne touche pas le corps d'une personne sans raison.

Cette apprentissage est issu de la socialisation primaire où la notion de distance entre les membres de la famille est très proche. On se câline, on se chamaille. Puis, vous avez la notion de distance sociale qui est apprise par les institutions pendant l'enfance (crèches, écoles). Cette distance avec l'autre se repère par les séparations entre les chaises pendant le repas, les coussins pendant les temps des histoires ou encore l'espace entre des lits au moment de la sieste. Les installations sont préparées par vous, les professionnels, car vous savez que si vous laissez les enfants mettre les chaises ou les coussins, ils seront les uns sur les autres. C'est avec la répétition de ces situations que les enfants apprendront la distance entre chaque personne. Cet exemple décrit et résume la première règle de la socialisation en établissement petite enfance qui est différente de celle de la famille : la distance des corps. Nous sommes passés de la « socialisation primaire » à « la socialisation secondaire ». La séparation/distance des corps impulsera le besoin de médiatiser les relations entre les personnes par le langage. Le vecteur de la socialisation est donc le langage verbal.
Article rédigé par : Frédérix Groux, ancien EJE, psychologue de crèche
Publié le 06 novembre 2016
Mis à jour le 17 janvier 2023