La start-up Tikoantik équipe les structures petite enfance en seconde main

C’est la petite entreprise qui monte, dans l’économie sociale et solidaire au service de la petite enfance. Par son expertise, Tikoantik rend l’équipement de seconde main plus accessible aux professionnels de la petite enfance, dans un souci de santé environnementale et de réduction des coûts. 
Mettre l’équipement de puériculture de seconde main à la portée des professionnels de la petite enfance. Le concept de Tikoantik est né de la réflexion d’un petit groupe de parents en temps de Covid, qui ont fait le constat que la notion d’hygiène renforcée, imposée par la pandémie, leur faisait délaisser les produits de seconde main et réorientait les parents et les pros vers des produits neufs. L’arrivée de Sophie Garnier, infirmière-puéricultrice, sur le projet a permis d’axer la réflexion sur une problématique petite enfance : lorsqu’il n’est plus utilisé, le matériel de puériculture est très majoritairement mis à la poubelle ou stocké pendant des années dans de mauvaises conditions. « Là on s’est dit qu’il y avait vraiment quelque chose à faire, et qu’il fallait qu’on accélère la circularité de ces objets », raconte Séverine Inkerman, co-fondatrice de Tikoantik. 

Garantir le respect des normes de la puériculture 
Tikoantik - la maison des mignonnets ou mignonettes, en breton - s’est donné pour mission de faciliter l’achat d’objets de puériculture d’occasion, collectés auprès de particuliers et professionnels, puis reconditionnés. Lits, chaises-hautes, tables à langer, poussettes, porte-bébés… Pendant 6 mois, l’équipe a travaillé au reconditionnement de ces produits de puériculture de seconde main, dans le respect des normes de sécurité qui régissent le secteur de la petite enfance, de l’environnement et de la santé des bébés. Avec le Département Qualité, Logistique Industrielle et Organisation (QLIO) de l’IUT de Lorient-Pontivy (Université Bretagne Sud), elle a mis en place un process qualité strict en cinq étapes pour assurer la sécurité et l’hygiène des produits revendus : le contrôle des normes, le contrôle des points de sécurité, le nettoyage adapté, la définition des grades d’usures et le ré-emballage en limitant la production de nouveaux déchets. Si les ateliers ne font pas de réparation des produits, ils sont parfois amenés à faire de la complétude de produit, directement auprès des fabricants. Et tous jouent le jeu…  Ainsi, près 5 tonnes de matériel sont remises sur le marché chaque année. 

Un service adressé aux professionnels de la petite enfance
Si Tikoantik ciblait à l’origine les parents et les pros, depuis 2023 la start-up s’adresse directement aux professionnels de la petite enfance, aux lieux d’accueil et à leurs gestionnaires. Assistantes maternelles, MAM, crèches, micro-crèches… « Ce sont eux qui aujourd’hui viennent nous acheter la plupart de nos produits. Nous avons fait beaucoup d’équipements de MAM ces derniers mois, car plusieurs ont ouvert dans la région », souligne Séverine Inkerman. Tikoantik propose également de venir récupérer directement les équipements inutilisés. Pour optimiser ses collectes, la petite entreprise vient de mettre en place un partenariat avec Wesco. « Par le réseau de Wesco, nous proposons à tous les acheteurs, et notamment les acheteurs publics, de venir collecter leur ancien matériel de toute marque auprès des structures, indique Séverine Inkerman. La demande de collecte peut être faite directement en ligne ».
    
La qualité, le conseil le coût et… la facture
Si s’équiper d’occasion présente quelques contraintes - à savoir l’incertitude de trouver les produits nécessaires en quantité, en temps et en heure, les stocker en attendant l’ouverture de la structure, prendre le temps de chercher - parmi les acteurs du marché de l’occasion, Tikoantik présente quelques atouts de taille : le process garantit la sûreté du produit, l’équipe est force de conseil pour faire des choix plus adaptés aux besoins des structures, et l’achat d’occasion est une excellente manière de s’équiper à moindre coût. Les produits reconditionnés sont vendus jusqu’à 70% moins chers que les équipements neufs… Enfin, tout achat fait l’objet d’une facture, contrairement aux achats auprès de particuliers. « La question de la facture peut être une vraie limite à la prise en charge de ces achats de seconde main par les financeurs », souligne Séverine Inkerman

Eviter les perturbateurs endocriniens 
Pour les professionnels de la petite enfance, choisir un équipement d’occasion peut également faire sens pour des questions de santé environnementale : certaines crèches prennent soin d’éviter le mobilier neuf pour éviter les perturbateurs endocriniens présents dans les COV. Séverine Inkerman en a quelques exemples dans ses clients : « Un petit réseau de crèches de Normandie que nous accompagnons a intégré, dans son projet d’établissement, la volonté d’avoir 80% d’achats de seconde main, pour des raisons écologiques et de santé environnementale. Cela veut donc dire faire un effort supplémentaire pour s’équiper, et Tikoantik leur facilite la tâche. » 

Profiter de, l’impulsion donnée par la loi AGEC 
Pour assurer son développement, l’équipe de Tikoantik a été visionnaire et s’est tout particulièrement appuyée sur la Loi Anti-Gaspillage pour une économie circulaire (AGEC) promulguée en 2022, dont un volet demande aux collectivités d’acheter en priorité des objets de seconde main, selon les types de produits. Pour chaque catégorie, un taux de seconde-main doit pouvoir être atteint. « C’est une loi qui n’est pas coercitive, précise Séverine Inkerman, si les collectivités ne le respectent pas, il n’y a pas de sanction, cela reste de l’ordre de l’incitation. Mais cela a tout même beaucoup interrogé les acheteurs publics et en particulier les pros de la petite enfance, qui ont ainsi pu être sensibilisés. » 

Petite enfance, développement durable et solidarité 
Entreprise engagée dans l’économie sociale et solidaire, Tikoantik a décidé de travailler avec des personnes éloignées de l’emploi et de soutenir les acteurs locaux. Les objets sont donc collectés en circuit court en France, mais le plus souvent en Bretagne. Le nettoyage de chaque objet est réalisé à la main, à l’ESAT Alter Ego d’Hennebont, qui emploie des personnes handicapées. Le stockage, la logistique et la préparation des commandes sont assurés par Chouette Coop qui emploie des personnes en insertion professionnelle. Une démarche qui fait sens pour Séverine Inkerman, pour qui petite enfance et éthique et solidarité sont profondément liés : « Nous rencontrons des pros qui ont déjà complètement intégré ces notions de zéro déchet, de seconde main, de mobilité, d’énergie, qui sont déjà dans des démarches assumées, sur le plan de la transition. Je trouve que la petite enfance a beaucoup cheminé en ce sens, je pense que l’on peut aller encore plus l’on sur la question de l’attractivité des métiers et que ces valeurs pourront attirer de nouveaux profils vers les métiers de la petite enfance », estime-elle. 

Développer le modèle en s’appuyant sur de nouveaux partenaires 
Aujourd’hui, Tikoantik rayonne sur trois régions de l’ouest de la France – Bretagne, Pays de la Loire et Normandie – mais espère rapidement passer à un échelon national. Les collectes sont déjà effectuées dans toute la France grâce à des partenaires locaux (Valdelia, Ecomaison et Wesco) mais cette année, Tikoantik espère trouver de nouveaux partenaires afin d’essaimer sur le territoire, sur le modèle de Rejouons Solidaire, qui propose aux parents et professionnels des jeux, jouets et livres sûrs, propres et complets, à petits prix. Lauréate de la première édition de l’appel à projets Trophée à Imp’Act, organisé par la Caisse d’Epargne de Bretagne Pays de la Loire, Tikoantik vient de recevoir une belle subvention de 5000€ pour développer ses projets. Prochain objectif 30 tonnes de matériel remis sur le marché. Kenavo ! * 

(* Bon vent, en breton)
Article rédigé par : laurence Yème
Publié le 14 mars 2024
Mis à jour le 14 mars 2024