Le témoignage de Valérie, ATSEM, mobilisée pendant le confinement
Valérie, 45 ans, exerce dans l’Oise, première région touchée par l’épidémie de Covid-19. Après les vacances de février, les enfants de ce département ne sont pas retournés à l’école. « Tout a été mis en place par la commune, le directeur de l’école nous a prévenu que l’établissement fermait mais que l’on pouvait accueillir les enfants des personnes mobilisées si on le souhaitait. Sur 7 ATSEM, 4 d’entre nous se sont portées volontaires. Comme nous étions nombreuses avec les enseignants, cela nous permettait de travailler seulement deux jours par semaine, avec 2 ATSEM et 2 enseignants par jour » raconte Valérie.
Chaque jour, les portes s’ouvrent à 8H30 et les parents arrivent de manière échelonnée. Chaque enfant dépose ses affaires sur la chaise de couleur qui lui a été attribuée. Ensuite, le tout-petit va se laver les mains dans ses propres toilettes : « Comme les enfants étaient peu nombreux, chacun pouvait avoir ses propres toilettes. On comptait en moyenne entre 4 et 6 enfants par jour mais cela pouvait varier selon le planning des parents » souligne Valérie. Les salles de classe ne sont pas accessibles aux enfants car elles ont été désinfectées. Mais les petits écoliers peuvent profiter de la salle de motricité où les attendent des tables sur lesquelles ils peuvent dessiner et jouer. « De temps en temps, on les laisse aussi regarder des dessins animés. On leur met également à disposition des jouets même si le choix reste limité. Le soir, les agents d’entretien viennent nettoyer, car dans notre école, les ATSEM ne font pas le ménage et sont là uniquement pour les enfants » précise Valérie.
A 18H30, les parents plutôt satisfaits du système mis en place, viennent récupérer leurs enfants. « On a à disposition du gel hydroalcoolique et des masques en tissus, mais nous n’utilisons pas de gants. Quant à l’application des gestes barrières, il est toujours très difficile de les faire adopter aux enfants, ce qui est normal. Par exemple, ils ne respectent pas les 1 mètre de distance quand ils jouent, même si on essaye de leur rappeler de le faire … » explique Valérie
Une reprise qui lui laisse un goût amer
Si l’organisation a paru jusqu’ici irréprochable à Valérie et aux autres volontaires, toutes appréhendent beaucoup plus la reprise du 11 mai « On va passer de 4 enfants à 40, impossible pour nous de nous sentir aussi rassurées que maintenant. Par ailleurs, cela va être très difficile pour les enfants, leur environnement sera totalement bouleversé » s’inquiète Valérie. En effet, les consignes qui attendent les tout-petits sont aux antipodes de ce qu’ils avaient l’habitude de vivre avant le confinement : « Leurs salles de classes ont été modifiées, les accès sont limités et les coins jeux fermés. Il y a des bâches sur les meubles et des barrières pour limiter leur circulation. On devra leur donner une barquette qui contiendra une quantité limitée de jouets, là où ils avaient la possibilité de se servir en illimité avant. Ça va être très difficile pour eux et ça risque de beaucoup les perturber » témoigne Valérie.
L’équipe de Valérie est malgré tout étonnée du nombre de parents qui souhaitent remettre leurs enfants à l’école dès le 11 mai. « On ne s’attendait pas à autant de demandes, on pensait que les parents voulaient les garder pour éviter les risques ! Avec l’équipe, on trouve cette reprise ridicule. Le gouvernement aurait mieux fait de dire clairement que l’école fera office de garderie. C’est dommage car on aurait pu profiter de ce mois et demi pour se préparer à la rentrée de septembre en accueillant seulement les enfants dont les parents n’ont pas le choix ! » s’insurge Valérie.
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