On leur a volé…Par Bernadette Moussy

EJE, formatrice (enseignement des courants pédagogiques)

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petite fille fait le poirier dehors
On leur a volé la sensation du vent sur le visage,
On leur a volé la détente lorsqu’ils sortent dehors,
On leur a volé leurs cris poussés vers les arbres,
On leur a volé la découverte d’une coccinelle sur un brin d’herbe,
On leur a volé le partage de la découverte des fourmis et leur fardeau plus grand qu’elles,
On leur a volé la joie de marcher dans l’eau,
On leur a volé le plaisir de courir dans la boue,
On leur a volé l’expérience de la pluie sur le visage…
de son petit bruit sur la capuche…
de se sentir à l’abri sous son imperméable.
On leur a volé le plaisir de rentrer le nez et les joues rouges,
On leur a volé leurs mouvements gracieux qui cueillent, qui amassent, qui ajustent,
On leur a volé la quête de trésors dans les bois,
On a bridé leur petit corps à l’aise lorsqu’il se réajuste au chemin moussu,
On leur a volé leurs gestes ancestraux avec l’eau, avec la terre…
On leur a volé la découverte du calcul cardinal avec les grands et petits bâtons et le calcul ordinal avec les marrons,
Et se cacher derrière un arbre et l’entourer de ses bras et le sentir et lui parler,
On leur a volé le plaisir de se sentir libre.
On leur a volé leur poésie devant les nuages...

Parce qu’on ne sait pas ce qu’est un enfant,
Parce qu’on a remplacé la confiance par « attention tu vas tomber »,

Parce que les références des architectes sont formelles et rentables,
Et pas seulement les leurs !
Parce qu’on ne sait pas qu’un enfant est fait pour se redresser et non pour le dresser,
On a eu peur, on a voulu les protéger, pas pour eux, pour nous.
On veut le respect des normes imbéciles, parce que la connaissance fait peur et complique tout.
Parce qu’il faut changer et que nos souvenirs d’enfant sont loin.
Parce qu’on ne pense pas !

Où est l’amour de l’enfant et de notre propre enfance,
Où est notre liberté de penser qui s’appuie sur des connaissances et des interrogations ?
Où est notre bon sens ?
Depuis qu’on avance masqués, laissons les enfants respirer.
 
Article rédigé par : Bernadette Moussy
Publié le 11 octobre 2020
Mis à jour le 11 octobre 2020