Penser et analyser ses pratiques en petite enfance. Par Monique Busquet

Psychomotricienne, formatrice petite enfance

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« Cela rebooste et redonne du sens à ce que nous faisons ! »Ce sont des paroles que j’entends souvent après des temps d’analyse des pratiques ou de formation ! Cela fait du bien de sortir le nez du guidon !   Oui les professionnels ont un immense besoin d’avoir du temps pour réfléchir, partager, s’exprimer, apprendre ou plus exactement les enfants ont un immense besoin que les professionnels puissent avoir ces temps, en dehors de leur présence.

La qualité d’accueil passe par la qualité de ces différents espaces de pensée, ayant des objectifs différents et complémentaires :

- Des temps pour penser et décider les organisations : rythmes de la journée, aménagement des espaces, propositions ludiques, organisation des temps de repas, sommeil, soins…..
- Des temps « cliniques » centrés sur les enfants : partager les observations, mieux décoder ce qu’ils manifestent par leurs comportements, mieux comprendre leurs besoins.
- Et des temps d’Analyse des Pratiques Professionnelles.
Ces temps devenus obligatoires en petite enfance, sont indispensables dans tous les métiers de la relation et du prendre soin. Ils doivent être des espaces « protégés » sans jugement, dans laquelle la parole peut circuler librement et sans crainte. Ils sont des temps centrés sur les professionnels qui peuvent y parler de leurs ressentis, de leurs craintes ou difficultés éventuelles. Un temps qui permette à chacun d’exprimer ses vulnérabilités ou ses doutes.  Chacun peut y raconter des situations, ce qu’il y a vécu et fait, ses mouvements psychiques et ses questions. Ce partage permet de prendre du recul et de bénéficier d’une pensée collective. Les réactions et questions des autres membres du groupe, leurs propres ressentis et leurs regards à l’évocation de la situation permettent à chacun de cheminer, dans une dynamique de réflexivité.
Ce travail d’analyse de pratiques nécessite que cet espace soit réellement protecteur, que chacun soit écouté et accepté dans ses différences, lorsqu’il exprime ses points de vue.  Cela suppose que chacun parle de lui et non des autres, qu’il puisse percevoir qu’il existe différentes façons de réagir, de penser et de faire. Cela permet d’expérimenter qu’il n’y a pas de danger à revisiter des situations vécues avec les enfants, à exprimer ce que l’on ressent, à réfléchir sur ce que l’on a fait et ce qui pourrait être fait autrement. Cela permet de comprendre l’intérêt de se remettre en question qui ne soit ni culpabilisation ou mise en cause de la personne.

Cette prise de recul est bénéfique et libératrice pour soi, enrichissante pour tous les participants et utile pour les enfants, lors de situations à venir.

Ces différents temps pour penser ses pratiques sont complémentaires les uns des autres même si leurs contours n’en sont pas toujours faciles à délimiter.  Cette réflexivité sur ses pratiques qui permet un regard sur soi, nécessite d’avoir des connaissances suffisantes pour observer les enfants et comprendre leurs besoins et donc de bénéficier également de temps réguliers et indispensable de formation.
L’ensemble de ces temps est une des conditions à la qualité d’accueil, à la bien-traitance des enfants, de leurs familles et des professionnels engagés dans ces métiers si « remuants et acrobatiques ».
C’est permettre aux professionnels engagés dans les relations avec les tout-petits et pris dans des mouvements psychiques multiples, de construire une posture professionnelle.

Investir et créer ces temps de pensée, de recul, de réflexivité, c’est reconnaître l’importance de ce qui est donné à vivre aux enfants, parce qu’ils le valent bien, et parce que les professionnels le valent bien !

 
Article rédigé par : Monique Busquet
Publié le 03 décembre 2023
Mis à jour le 03 décembre 2023