Marine, assistante maternelle : déconfinement et deuxième vague, l'avenir paraît bien sombre !

Depuis plus d’un mois maintenant, tous les dimanches soir, Marine, assistante maternelle dans l’Oise nous parle de ses semaines d’accueil. Des témoignages en montagnes russes selon son moral et son humeur. Selon aussi les infos que nous apprenons sur ce sale virus, le Covid-19 et ses conséquences sur la santé et l’économie. Aujourd’hui, Marine se sent perdue et se demande si ouvrir crèches et écoles, déconfiner petits et grands est bien raisonnable …
Prenez ma place !
J’ai une pensée toute particulière pour les enfants qui sont depuis 2 voire 3 mois avec leurs parents et qui vont probablement retourner chez leur assistant(e) maternel(le) ou en crèche. Certains parents vont devoir reprendre leur activité, les accueils vont reprendre, sans période d’adaptation pour certains, pourtant des petites modifications ont pris place dans nos vies, et cela peut être difficilement compréhensible pour chacun, notamment les enfants.
Sans protocole à suivre, certains assistant(e) maternel(le)s ont pris les devants : accueil du parent et de l’enfant sur le palier de l’entrée, se laver les mains à l’arrivée et tout au long de la journée, prise de température, change des enfants pour certains, et accès aux jouets restreint. J’invite les hautes autorités qui parlent en notre nom et minimise les risques, à venir le temps d’une journée prendre ma place.
-Appliquer les gestes barrières avec un bébé de 11 mois et un autre de 20 mois.
-Nettoyer chaque jouet après chaque atelier et la maison du sol au plafond.
-Appliquer le respect de la distanciation entre eux deux, et eux et moi.

Il est fort difficile de mettre de la distance entre nous, un bébé de 12 mois qui ne marche pas encore, que nous prenons dans les bras du parent.
Les enfants ont besoin de contact, assise au sol, le petit Z vient m’escalader, le petit M vient me câliner et je ne peux pas les repousser, ils sont si petits ! Eux ne comprennent pas la situation actuelle et ils ont des besoins ! Comment respecter ce que l’on ne peut pas appliquer ?
Une blessure, un chagrin, une dispute, un besoin d’affection… On les réconforte par nos mots et nos bras. Comment faire avec un bébé de 5 mois ? Sans blouse, c’est se changer à chaque prise à bras.
La réalité dépasse la fiction, arrêtons les hypothèses et voyons le concret !
 
Comment préparer la rentrée ?
Ma petite S va bientôt nous quitter suite à sa rentrée scolaire. Je reçois des appels et des messages pour septembre, mais le cœur n’y est pas, je ne sais plus quoi faire ni comment m’y prendre. Faire des entretiens en extérieur ?
Il faut créer de nouveaux liens de confiance mais avec la période que nous traversons c’est difficile. Est-ce-que seulement j’ai envie de continuer ce métier, si délaissé et si mal considéré.
 
J’ai très peur de la deuxième vague !
Beaucoup de parents se questionnement et doutent de re-scolariser leurs enfants à deux mois de la fin d’année scolaire. Une rentrée en mai uniquement dans l’hypothèse que des mesures concrètes soient prises !
Notre fils ne réintégrera pas l’école avant septembre sous réserve là encore, qu’en septembre la situation s’améliore.
Je pense à tous ces parents la boule au ventre, n’ayant pas le choix, ou cherchant désespérément une solution pour pallier cette décision et ce risque de contamination. J’ai confiance avec les parents avec qui je travaille, mais j’ai peur que leur enfant reprenne l’école en mai. Le déconfinement sera progressif, pour autant l’école est selon moi l’un des foyers de contamination les plus importants.Il suffit d’un pou et tout le monde en a ou presque, et c’est pareil avec ce virus si invisible et si invasif.

En mars on ferme les écoles pour éviter la propagation du virus, aujourd’hui on nous dit qu’il faut rouvrir les écoles pour les inégalités sociales ce qui est légitime, mais aussi parce que les enfants ne font que des formes mineures de la maladie mais n’oublions pas qu’ils sont aussi vecteurs ! Pensons à leurs parents, grands-parents et professeurs probablement à risques ! On dédramatise en disant que seulement 1 à 3 % d’enfants finissent en réanimation ou décèdent, 1 à 3% c’est déjà trop !
Des spécialistes alertent et nous disent de ne pas ré-ouvrir les écoles car nous sommes encore au-dessus de notre capacité d’admission (+ 2000 places occupées en réanimation), mais qu’en sera-t-il quand nous aurons retrouvé notre liberté de mouvement ?
Des hypothèses indiquent que nous allons basculer entre confinent et déconfinement durant un à deux ans, que cette deuxième vague va être plus violente que la première. Certaines recherches mises sur les UV, d’autres sur différents traitements, avec des tests plus ou moins fiable, une probable réactivation du virus pour ceux qui l’ont contracté, devenant de nouveaux contaminateurs et malades, des séquelles indéniables (perte d’anticorps), traces du VIH… Il y a sérieusement de quoi s’inquiéter et pour autant au détriment de nos vies on nous redonne notre liberté de mouvement avec nos enfants en première ligne. On nous informe, désinforme, on nous emmêle et on ne sait plus.

A deux semaines de ce déconfinement progressif, nos vies si bouleversées doivent continuer et beaucoup de choses restent encore inconnues.
 
Les discours ont changé
Voulant dédramatiser la situation, on nous dit et on nous répète que les enfants ne font que des formes mineures de la maladie (fièvre, rhume, toux…), qu’ils sont essentiellement asymptomatiques, mais cela n’empêche pas qu’ils soient vecteurs !
Donc ils peuvent se contaminer entre eux et contaminer l’environnement qui prend soin d’eux. Les contaminations ne viennent pas seulement de l’extérieur mais aussi de l’intérieur, un professeur porteur asymptomatique, un bébé fiévreux « en période de dents », un enfant scolarisé « enrhumé » … On ne plus faire la différence avec le virus. Refuser l’accueil, demander un avis médical, pour autant il sera peut-être déjà trop tard, n’oublions pas la période dite d’incubation.

Ouvrir les crèches et les écoles, c’est selon moi tisser un réseau de contamination inévitable. Le danger est partout invisible ou non. Nous devons désormais « vivre avec », c’est ce qu’a annoncé notre ministre de la Santé.
Qu’on le veuille ou non, nous n’avons plus le choix. Nos vies complètements chamboulées et ce pour un moment sont les conséquences du déni et d’une mauvaise préparation face à ce virus.
On la bien compris les intérêts économiques prévalent sur la santé humaine, et nous ne pourrons pas y échapper. La France va mal, elle doit reprendre vie, son économie doit repartir et pour cela tout le monde doit être sur le front, les parents au travail et les bébés en garde.
Nous voilà confronté à ce que nous évitons depuis des semaines, même progressif les dégâts seront les mêmes.
Malgré tout et même si c’est difficile nous devons rester positifs pour nous et nos proches, nous avons la chance d’avoir beau temps, profitons de notre mari, notre femme et de nos enfants pour oublier l’espace d’un instant.
Jouons, rions, partageons et surtout profitons d’être ensemble. Les jours de confinement ne sont pas tous les jours faciles mais ensemble nous traverseront cette période difficile.

 
Article rédigé par : Marine R
Publié le 26 avril 2020
Mis à jour le 26 avril 2020