Clémence Dias de Almeida et sa crèche 100% francophone à Barcelone

Ouverte fin 2020 par une Française résidant en Espagne depuis deux ans, la crèche Libellule and Co est la seule structure où les professionnelles de la petite enfance ne parlent que français. A sa tête, Clémence Dias de Almeida, une entrepreneuse dans l’âme, maman de 4 enfants, qui projette d’en ouvrir prochainement une seconde. Rencontre.
Un profil entrepreneurial
Clémence Dias de Almeida est une touche-à-tout. Auparavant organisatrice de mariages, elle rejoint ensuite un réseau d’entrepreneurs, et depuis quatre ans, elle est « slasheuse ». En clair, elle cumule plusieurs activités en même temps comme conférencière professionnelle ou encore dans l’innovation cosmétique. Et, depuis un an, elle est aussi à la tête de la crèche Libellule and Co. Si rien ne la prédestinait à travailler dans la petite enfance, elle n’a d’ailleurs aucun diplôme dans ce domaine, elle est toutefois « passionnée de pédagogies actives ». 

Des retrouvailles déterminantes
Mais comment est-elle arrivée dans la petite enfance ? Le 21 août 2019, elle retrouve une ancienne camarade de maternelle, EJE, qui lui explique que la crèche dans laquelle elle travaillait avait dû fermer ses portes. Le lendemain, Clémence tombe sur une annonce pour reprendre la crèche en question. Elle se renseigne pour voir mais finalement cela n’aboutit à rien. Toutefois, le projet de monter une structure d’accueil du jeune enfant l’intéresse et le fait savoir autour d’elle. « Le 8 septembre 2020, une association pour les enfants français me propose son local pour créer une crèche », explique la fondatrice de Libellule and Co. Elle se lance ! En pratique, elle est locataire du local mais propriétaire de la licence d’activité lui permettant d’ouvrir une crèche. Elle embauche dans la foulée son ancienne camarade de classe et le 2 novembre 2021, c’est le grand jour pour cette crèche 100% française qui s’inspire des pédagogies Montessori et Pikler. A noter que Clémence propose également, dans une des pièces de la crèche, des ateliers « Ludibulles » pour les femmes françaises : cours d’espagnol, atelier premiers secours, outils de parentalité positive… ou encore des beauty party.

Un partenariat avec les écoles françaises de Barcelone
A Barcelone, le Catalan est la première langue de la région. Or, chez Libellule and Co, on ne parle ni Catalan, ni Castillan mais seulement français. Et c’est ce qui plaît aux parents qui y inscrivent leur enfant, en grande majorité Français, du moins l’un des deux membres du couple. « Lorsque l’on met son enfant dans une crèche privée où l’on ne parle que français, c’est généralement pour qu’il continue dans le système scolaire français », affirme Clémence Dias de Almeida. Aussi, elle a conclu un partenariat avec l’école française Ferdinand de Lesseps et le lycée français de Barcelone, tous deux accueillant les enfants dès la maternelle, afin que les tout-petits de Libellule and Co aient une place garantie dans ces établissements.

Les difficultés arrivent…
« Ici on ouvre du jour au lendemain une crèche, il n’y a pas de réglementation, pas de contrôles, de normes lorsque vous êtes dans le privé », indique Clémence Dias de Almeida. Et poursuit : « La contrepartie de cette liberté, c’est que je n’ai pas d’aide financière. Si je veux des aides de la région, je devrais inclure le catalan, mais ce n’est pas ma volonté. Donc 100% des revenus de la crèche ce sont les parents. » Elle confie aussi avoir emprunté 100 000 euros pour la crèche. « Libellule and Co, c’est mon coup de foudre et mon coup de folie ! (...) Et le conte de fées s’est transformé en cauchemar », explique-t-elle, lorsqu’elle apprend en mars dernier que la licence d’activité n’est finalement valable que pour dix enfants alors qu’elle prévoyait d’en accueillir 20. C’est la douche froide et les problèmes financiers commencent. « Nous avons hésité à fermer définitivement entre avril et juin de cette année, mais la fermeture n’allait rien changer au remboursement du prêt que j’ai contracté. J’ai donc dû faire le deuil de plein de choses. J’ai ainsi beaucoup augmenté les prix, ce qui n’était absolument pas mon souhait, d’autant que les parents ne perçoivent aucune aide. Je voulais sur les 20 places prévues laisser deux places pour des revenus plus modestes », regrette la Directrice de Libellule and Co.

Du succès auprès des parents mais les tarifs pratiqués dissuadent
Aujourd’hui, la crèche emploie deux EJE et accueille 8 enfants âgés de 1 à 3 ans. Mais ce n’est pas suffisant et la crèche perd tous les mois de l’argent. Or la demande est là mais pas avec les prix pratiqués qui sont ceux des écoles internationales. « Mon objectif est d’ouvrir d’ici la fin de l’année une autre structure qui puisse couvrir les pertes de la première », indique Clémence Dias de Almeida. Si plus d’une vingtaine de familles se sont déjà dites intéressées, les professionnelles de la petite enfance françaises le sont aussi ! « J’ai reçu beaucoup de CV d’EJE qui veulent venir travailler à Barcelone dans ma structure », note Clémence Dias de Almeida. Pas de crise de recrutement donc ici…
 
Article rédigé par : Caroline Feufeu
Publié le 19 novembre 2021
Mis à jour le 19 novembre 2021