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Les régurgitations : fréquentes mais le plus souvent sans gravité

Fréquentes chez les bébés, les régurgitations inquiètent beaucoup les parents. Vous pouvez les rassurer, ces renvois sans effort ni nausée sont le plus souvent sans gravité. Le point sur les dernières recommandations.

Les régurgitations simples touchent jusqu’à 70 % des nourrissons de 4 mois. Manifestation visible du reflux gastroœsophagien (RGO) physiologique elles peuvent provoquer une réelle anxiété chez les parents. Il faut les rassurer. Ces régurgitations disparaissent spontanément vers un an lorsque les mécanismes anti-reflux se développent avec la croissance et la diversification alimentaire. Une fois confirmé leur caractère bénin par un médecin, quelques mesures diététiques et posturales lors des repas suffisent le plus souvent à diminuer l’intensité de ce reflux.

C’est quoi une régurgitation ?

C’est la remontée du contenu gastrique dans l’œsophage avec un reflux dans le pharynx ou la bouche, voire à l’extérieur de la bouche. Elles surviennent après la tétée ou le biberon et disparaissent spontanément dans plus de 90 % des cas vers l’âge de 12 à 14 mois au moment où l’enfant acquiert la marche, du fait de la position debout, de l’introduction d’aliments solides et de la maturation fonctionnelle du sphincter inférieur de l’œsophage.

A quoi sont dues les régurgitations simples ?

Elles sont causées par l’immaturité du clapet de l’œsophage, qui permet au lait de remonter dans l’estomac. Autre cause invoquée, la faible capacité gastrique du bébé en regard des volumes importants ingérés ainsi qu’une alimentation exclusivement liquide durant les premiers mois de vie. Ce type de reflux est non douloureux et ne présente pas de complications.

Comment les prendre en charge ?

En adoptant des mesures hygiéno-diététiques

Elles permettent de réduire la fréquence et l’intensité des régurgitations.

  • Il est conseillé de donner à l’enfant une quantité appropriée de lait à chaque repas. Pour rappel, à 2 mois, le bébé doit boire environ 5 biberons de 120 ml. A 3 mois, environ 5 biberons de 150 ml. Et à 5 mois, environ 4 biberons de 210 ml.
  • Autre recommandation : fractionner les repas afin de mieux répartir l’apport journalier (réduction de la quantité par prise avec augmentation de la fréquence des prises), selon l’âge et le poids de l’enfant.
  • Vérifier que la reconstitution de la préparation pour nourrisson est correctement réalisée (30 ml d’eau par mesure de poudre de lait rase, non bombée, non tassée)
  • S’assurer que l’enfant mange à sa faim, sans être forcé à finir son biberon
  • Vérifier que l’enfant peut faire son rot lors de pauses et en fin de repas afin d’évacuer l’air avalé.

Épaissir les biberons

Si les premières mesures mise en œuvre durant au moins deux semaines ne sont pas suffisantes la HAS recommande d’épaissir la préparation pour nourrisson pour les enfants nourris au biberon. Chez les nourrissons exclusivement allaités il n’y a pas d’indication à ajouter des biberons de lait épaissi, ni de tirer le lait de la mère pour l’épaissir. En pratique il existe deux présentations d’épaississants : la poudre épaississante à ajouter dans la préparation pour nourrisson (cuillère-mesure en fonction du volume du biberon) ou la préparation épaissie au préalable (préparation « formule épaissie » et préparation anti-régurgitations « AR ») précise la HAS.

En cas de régurgitations importantes, les parents peuvent acheter en pharmacie des   préparations anti-régurgitations « AR », à base de caroube 3 ou à base d’amidon (> 2 g/100 ml) ou d’une association caroube et amidon, qui ont un pouvoir plus épaississant que les préparations « formule épaissie » (teneur en amidon ≤ 2 g/100 ml).

Un bon positionnement de l’enfant

La HAS recommande de ne pas élever la tête du bébé ni de le coucher sur le côté ou sur le ventre mais de suivre les recommandations sur la prévention de la mort inattendue du nourrisson et de le coucher sur le dos, sur une surface plane pour dormir. L’autorité de santé recommande également d’éviter de coucher l’enfant directement après le repas. Elle conseille aussi de le maintenir, aux bras ou en écharpe, en position verticale pendant, si possible, 20 à 30 minutes avant de le coucher. Il faut aussi veiller éviter les vêtements et les couches qui serrent la taille et ne pas installer le bébé en position demi-assise, cela comprime son estomac.

Qu’est-ce qui différencie les régurgitations simples du RGO pathologique ?

A la différence des régurgitations physiologiques, le RGO pathologique « provoque des symptômes gênants ou des complications. Ces symptômes sont gênants lorsqu’ils ont un effet négatif sur le bien-être de l’enfant » explique la Haute autorité de Santé (HAS). Ces complications peuvent se manifester sous la forme d’une œsophagite voire de manifestations extra-digestives respiratoires ou ORL. Ce type de reflux peut se manifester par des signes peu spécifiques comme des régurgitations excessives accompagnées de troubles de l’alimentation, des pleurs persistants, une irritabilité, des troubles du sommeil ou une cassure de la courbe de croissance.

Le RGO pathologique toucherait 12,6 % des enfants dans la tranche d’âge 0-23 mois selon la HAS. Bien que ce ne soit pas si facile, il est essentiel de distinguer ces deux formes de reflux, car les régurgitations simples ne nécessitent généralement aucune intervention médicale, tandis que le RGO pathologique peut nécessiter un traitement pharmacologique.

Source : Haute autorite de santé – Reflux gastro-œsophagien chez l’enfant de moins d’un an : définitions, prise en charge et pertinence des traitements pharmacologiques

Isabelle Hallot

PUBLIÉ LE 17 mars 2016

MIS À JOUR LE 03 février 2025

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