Se déguiser pour imiter les grands

Inutile de proposer aux tout-petits de se déguiser, ils n’apprécieront pas. Ce n'est que vers 2 ans que les enfants aiment se transformer. Vers 3 ans, jouer à se déguiser deviendra un élément constitutif du jeu symbolique, un grand classique de cet âge.
Avant de réclamer un déguisement, les plus petits  préfèreront enfiler les chaussures des parents, s'enrouler dans un bout de tissu ou encore se coiffer d'un chapeau de grand. Comme l'explique Sophie Marinopoulos, psychologue, psychanalyste : « Dès 2 ans, c’est au travers de l’imitation que l'enfant expérimente ses premières tentatives de transformations que propose le jeu du déguisement ». En effet, ces premières activités ludiques sont avant tout organisées par l’enfant dans le désir d’être comme son parent avec la volonté d’être "grand ou fort", en référence aux adultes qui ont l’autorité et qui prennent soin d'eux.

Un jeu symbolique par excellence
A partir de 3 ans environ, le fait de se déguiser permet aux enfants de tester divers rôles et de favoriser ainsi leur créativité et leur imagination, c'est pourquoi il est important de les laisser choisir librement leur déguisement. Par ailleurs, en choisissant de devenir un monstre par exemple peut les aider à dominer leurs peurs ou encore de faire de l'humour en devenant un clown. Ainsi, en révélant les qualités que les enfants aimeraient s'attribuer à un moment précis de leur existence, le déguisement reste un jeu symbolique par excellence. « C'est une activité ludique qui apporte du plaisir à l’enfant quand il est en âge de le supporter, poursuit Sophie Marinopoulos. C’est une expérience de transformation de soi dans un cadre de jeu ». En ayant la possibilité de devenir un autre, et de se retrouver en enlevant le déguisement, c'est également une activité magique ! « Cela permet à l’enfant d’expérimenter sa continuité d’être. C’est comme si il se disait en enlevant le déguisement 'oh je suis encore moi'. Par ailleurs, chez les très jeunes enfants n’oublions pas que le jeu est le moyen de comprendre le monde qui les entoure et de lui donner du sens. L’activité déguisement en fait parti ».

Certains enfants n'aiment pas se déguiser
Certains enfants n’aiment pas se transformer et prendre une autre allure. Ils aiment rester "dans leur peau". Ce sont d’ailleurs des enfants qui très souvent s’attachent beaucoup à leurs vêtements et qui n’aiment pas en changer quand ils grandissent. En effet, pour accepter de se transformer, les enfants doivent bien connaître leur identité de petit garçon ou de petite fille, s'ils manquent de maturité ou encore si leur construction identitaire n'est pas encore bien installée, le déguisement peut engendrer de la peur. « Plus sensibles, certains enfants ont besoin de rester eux même et le déguisement n’est pas source de plaisir. Ils accepteront éventuellement de se grimer en se mettant un petit nez rouge ou des grandes chaussures », ajoute Sophie Marinopoulos. Enfin, dans tous les cas il est évident de ne pas forcer ni d'imposer un déguisement à un enfant, car comme le dit notre psychologue, « imposer n’est pas jouer ».
A noter : Dans un atelier déguisement, le travail des professionnels de la petite enfance consiste aussi à repérer les enfants qui voudront seulement un petit point rouge sur leur nez et ceux qui voudront bien se déguiser.
Article rédigé par : Catherine Alexandre
Publié le 06 février 2017
Mis à jour le 13 novembre 2017