La maison de Gabby : une MAM spécialisée dans l’accueil d’enfants en situation de handicap

La maison de Gabby a été créée par quatre professionnelles de la petite enfance qui voulaient proposer un nouveau mode d’accueil pour les petits en situation de handicap. Afin d'ouvrir cette Maison d’Assistantes Maternelles (MAM) spécialisée, elles ont monté l’association Di.Nou.Tou!. Puis une Fédération du même nom pour accompagner tous les porteurs de projets intéressés d'ouvrir ce type de structures. Zoom sur ce merveilleux projet avec Marie-Laurence Llop, l'une des fondatrices.
Proposer une solution alternative
Infirmière de formation, Marie-Laurence Llop exerçait comme directrice adjointe d’un établissement pour adultes en situation de handicap. Comme d’autres professionnelles qu’elle connaissait, elle souhaitait créer quelque chose d’alternatif pour les personnes en situation de handicap. Les personnes qu’elle accompagnait témoignaient ne pas avoir toujours été accueillies dans un lieu adapté à leur handicap étant jeunes : elle cible alors la petite enfance. « Certains enfants ne sont passés par aucune structure spécialisée et ont besoin de développer leurs compétences d’intégration et de socialisation avant de rentrer à l’école », explique Marie-Laurence.

En 2013, Marie-Laurence, une aide médico-psychologique, une monitrice éducatrice et une assistante sociale chef de service d’établissement pour adultes handicapés décident de monter ensemble une MAM à Saint Fargeau-Ponthierry. « Nous avons choisi ce type de structure car c’était nouveau et cela permet une certaine souplesse dans l’accueil des enfants », précise-t-elle.
Leur projet est soutenu par la CAF, la Caisse Régionale d’Assurance Maladie Ile-de-France (CRAMIF) et surtout par la mairie. « Ils ont tout de suite compris l’intérêt de ces maisons ». Comme pour toute création de ce type d’établissement, elles doivent monter une association, qu’elles nomment « Di.Nou.Tou ! ».

Elles obtiennent chacune leur agrément d’assistante maternelle et leur première MAM spécialisée ouvre ses portes en avril 2016 : « La maison de Gabby ».

De l'accueil exclusif à l'inclusion
Au départ, la MAM accueillait uniquement des enfants en situation de handicap, à temps plein ou à temps partiel. Les professionnelles souhaitaient avant tout pouvoir faire du cas par cas. « Ne pas tenir assez compte des besoins de l’enfant peut le mettre en échec » souligne Marie-Larence. Sachant que certains diagnostics de handicap ne sont pas posés avant 3 ans, ses collègues et elles choisissent d'accompagner des enfants de 3 à 7 ans - tranche d'âge dans laquelle d'ailleurs peu d’enfants dits « valides » ne seraient pas encore scolarisés. Les enfants scolarisés peuvent aussi venir deux heures par semaine s’ils sont accompagnés d'une auxiliaire de vie scolaire.

En septembre 2017, le projet d'accueil change : la MAM choisit l'inclusion en ouvrant ses portes à des enfants sans handicap, dès l'âge de 2 mois et demi. Une évolution que Marie-Laurence ne regrette pas. « Cela crée des super échanges, les petits bouts "ordinaires" s'éclatent avec les petits bouts "extraordinaires" ! » Une mixité, constate-t-elle, qui développe chez les premiers une grande autonomie. Aussi, ils profitent des nombreux projets et activités mis en place. Et qui apporte une richesse aux enfants en situation de handicap. « Les grands sont très protecteurs envers les petits, témoigne-t-elle. Ce qui les valorise dans un rôle social identifiable : celui de la grande soeur ou du grand frère qui a des responsabilités. Et ça c'est formidable. »
Plaisir partagé du côté des parents. « C'est drôle, les parents des enfants "ordinaires" sont encore plus demandeurs de mixité que les autres ! C'est important pour eux que leurs enfants connaissent la différence et sachent vivre avec. »

Médiation animale et projets intergénérationnels
La Maison de Gabby est aménagée pour accompagner des enfants touchés notamment par l’autisme, la trisomie 21, les maladies orphelines, les psychoses infantiles et les déficiences mentales. 

La structure dispose d’une très grande salle d’activités où sont proposés des ateliers manuels et de psychomotricité, ainsi que d’un jardin. Une foule de sorties extérieures sont organisées, à la ludothèque, la ferme pédagogique, la base de loisirs, le restaurant...
Mais la particularité de La maison de Gabby, c’est la venue des chiens de l’association Coup de Patte ! Une animatrice amène deux Jack Russel pour faire de la médiation animale avec les enfants : jeux de balles, câlins, parcours de motricité. « Ces moments déclenchent des choses chez les petits auxquelles on ne s’attendait pas, observe Marie-Laurence. Par exemple, un enfant qui ne parlait pas s’est mis à dire « balle », ou « donne ». »
La MAM a aussi mis en place un partenariat avec l'EPADH voisin pour organiser des temps d'échanges entre les petits et les personnes âgées en accueil de jour - activités manuelles, jardinage, décoration.

C'est dans cet esprit d'échange qu'est né le "jardin extraordinaire", ouvert aux enfants et adultes de la ville, en situation de handicap ou non. « L'idée de ce jardin partagé, en plus de cultiver des aliments de qualité, précise Marie-Laurence, c'est de leur proposer des activités communes autour de la nature qui leur permettront de maintenir des compétences acquises ou d'en développer de nouvelles. » Bacs à plantations, fruits et légumes, permaculture, poules ... et peut-être même bientôt des éoliens ! Toutes les idées sont bonnes.
 
La Fédération Di.Nou.Tou ! accompagne les porteurs de projets
L’association Di.Nou.Tou ! a été très sollicitée par des professionnels du handicap pour monter le même type de structures partout en France. En janvier 2018, Marie-Laurence et ses paires ont donc créé la Fédération Di.Nou.Tou !. Son but : apporter un soutien global aux porteurs de projets de MAM spécialisées dans l'accueil (exclusif ou inclusif) d'enfants en situation de handicap.

Elle leur met à disposition un "kit d’installation". « On leur donne le projet clés en main avec tous les outils nécessaires, dit Marie-Laurence, et on offre un soutien physique ou par courrier ». En apportant son aide sur des démarches telles que la recherche de subventions, de marchés, de prestataires de services… Puis chaque association finance et créé elle-même son établissement.

Aujourd’hui, la Fédération compte de nombreux adhérents, avec une douzaine de projets de MAM réalisés, une vingtaine en cours et une cinquantaine à venir ! « Plus on sera nombreux, plus on pourra offrir de choses aux enfants, explique-t-elle. La MAM c'est un super bel outil ! Laissons aux professionnels de terrain un espace de créativité pour les enfants. Et montrer qu'il y a de la place pour tout le monde, c'est donner à tous le droit d'exister. »
Article rédigé par : Armelle Bérard Bergery
Publié le 26 mai 2017
Mis à jour le 27 mai 2019
Je suis maman de jeunes filles porteuses de handicap et éducatrice de jeunes enfants et j'en ai MARRE que l'on créé des structures alternatives ou spécialisées ou ce que vous voulez... qui éloignent chaque jour nos enfants du milieu ordinaire !!! TOUS les établissements du jeunes enfants sont en capacité d'accueillir TOUS les enfants ! Les projets doivent tourner autour de la formation des équipes et non à la création de lieu d'accueil stigmatisant !!!! Qui plus est la formation, la rencontre et la connaissance du monde du handicap sert à tous : aux enfants et aux adultes ! c'est vraiment un cri que je tente de lancer là ! Arrêtons de cacher les enfants présentant un handicap et leurs familles ! GRGRGRHHHH !!!!!