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Conversation avec Elisabeth Laithier, présidente du Comité de filière petite enfance et Jean-Baptiste Frossard, son secrétaire général

Le 12 juillet dernier, Sarah El Haïry, alors ministre de l’Enfance, de la Jeunesse et des Familles, a reconduit jusqu’à fin 2027 le Comité de filière petite enfance et Elisabeth Laithier dans sa fonction de présidente. Une bonne nouvelle pour le secteur de la petite enfance tant cette instance (et sa présidente) est devenue clé. Et, aux côtés d’Elisabeth Laithier, Jean-Baptiste Frossard (l’un des auteurs du rapport Igas sur la Qualité de l’accueil et prévention de la maltraitance dans les crèches), nommé cet été secrétaire général du Comité de filière, mais aussi, directeur de projet chargé du service public de la petite enfance. Entretien réalisé lors de la Rentrée de la Petite Enfance, le 16 septembre dernier, avec ce binôme de choc sur les enjeux, la trajectoire et travaux à venir du Comité de filière.


Longue vie au Comité de filière petite enfance !

Elisabeth Laithier est bien évidemment heureuse (et soulagée) de la prolongation du Comité de filière pour trois ans et de sa reconduction en tant que présidente ! En quelques mots, elle a rappelé comment lors d’une réunion de bureau, au mois de juin, les membres ont réalisé que trois années s’étaient déjà écoulées et que le Comité risquait de disparaître. « Nous avions très peur, se remémore-t-elle, c’était au moment des législatives. Le Comité de filière réunit en bureau et en plénière a donc décidé d’adresser un courrier très officiel à la ministre Sarah El Haïry pour lui demander si elle pouvait, par un avenant, reprolonger de 3 ans le Comité de filière. Sa réponse a tout de suite été oui. Je suis très heureuse parce que ça nous sécurise pour les trois ans à venir ». Et confie que c’est une vraie reconnaissance du travail accompli. La présidente du Comité de filière petite enfance est aussi ravie de l’arrivée de Jean-Baptiste Frossard, qu’elle connaît bien. Elle n’a pas manqué de relever que c’était son « 5e secrétaire général » et a tenu à saluer les quatre prédécesseurs de Jean-Baptiste Frossard : David Blin, Nour Djataou, Pauline Domingo, Elisa Bazin.
Parmi tous les travaux effectués par le Comité de filière, les résolutions votées… si Elisabeth Laithier devait en retenir deux, ce serait tout le travail mené sur les revalorisations salariales (« c’est nous qui avons entamé et lancé le processus ») d’une part et sur l’accueil individuel d’autre part (6 mois de travail et 44 propositions qui ont été quasiment toutes reprises alors par Aurore Bergé).
 

Un « nouveau cycle » pour le Comité de filière petite enfance

Après ces trois premières années de travail, le Comité de filière entre « dans un nouveau cycle », a souligné Jean-Baptiste Frossard. Et a explicité : « (…) Je pense que nous sommes assez en phase avec Elisabeth et les membres du bureau pour dire que nous avons amassé une grosse matière puisqu’il y a eu énormément de réflexion sur tous les champs des métiers, des recrutements, des formations, que beaucoup de résolutions ont été prises et que, pour le nouveau mandat, nous allons essayer d’entrer dans des formes de travail un peu plus opérationnelles ». En pratique : des groupes de travail de 10-12 personnes sur « des sujets un peu plus circonscrits » et des expérimentations terrain suite aux propositions qui auront été dégagées. « Nous allons demander à tous les membres du Comité de filière de mobiliser leurs réseaux », a encore indiqué Jean-Baptiste Frossard.
 

Quatre grands axes de travail pour les années à venir

Le Comité de filière petite enfance va se concentrer sur quatre grands axes.
Le premier : la formation. « Avec le Comité de filière, nous allons travailler sur les formations initiales et sur les formations continues pour qu’elles soient en cohérence avec le référentiel connaissances et compétences qui va être élaboré », a précisé le secrétaire général du Comité de filière.
Le deuxième : le recrutement. Avec un zoom sur « le recrutement des assistants maternels qui soulève des questions un peu particulières notamment si on veut aller chercher des viviers de recrutement un peu large », a expliqué Jean-Baptiste Frossard, avant de poursuivre : « Nous pourrions imaginer des collaborations avec France travail, mais si nous venons chercher des personnes dans des secteurs un peu éloignés, nous devrons construire des parcours de formation, d’intégration dans la petite enfance. Et de façon générale, nous allons avoir un travail sur l’élargissement des viviers en particulier pour les professionnels diplômés. Est-ce qu’on ne peut pas aller chercher un peu plus large, c’est-à-dire des personnes qui ont une formation supérieure, par exemple une licence de psycho, une licence en sciences humaines ? Est-ce qu’on ne peut pas davantage construire des passerelles, des parcours pour aller vers la formation qualifiante ? Comment est-ce qu’on mobilise les universités sur ce plan ? ».
Troisième chantier : la communication pour attirer de nouvelles recrues et donc rendre attractifs les métiers de la petite enfance. L’idée : des campagnes plus ciblées notamment vers les adolescents. « Diversifions notre communication, travaillons sur la présence médiatique de la petite enfance (réseaux, médias, plateformes) », a mentionné Jean-Baptiste Frossard.
Quatrième axe : la place du secteur de la garde à domicile dans le service public de la petite enfance. « Nous allons devoir nous interroger sur quelles sont ses relations avec les institutions publiques, avec l’autorité organisatrice. Comment elle s’intègre dans une politique de qualité. Quelles sont les garanties de qualité qui s’attachent à elle. Comment est-ce qu’on arrive à la ramener dans la communauté éducative que vont devoir animer, structurer, constituer les autorités organisatrices sur le territoire », a précisé le secrétaire général du Comité de filière petite enfance.
 

Le SPPE : un projet politique fort

Avant de clore la conversation, Jean-Baptiste Frossard a tenu à rappeler : « Il faut reposer ce que cela signifie en termes de geste politique, de projet politique de créer un Service public de la petite enfance. Ce n’est pas quelque chose de neutre puisqu’avec ce Service public de la petite enfance, on n’est pas seulement sur de la création d’offre d’accueil. On affirme quand même que l’on porte une certaine conception, vision de l’enfance, de ce que sont les besoins de l’enfant, de ce que sont les droits de l’enfant. Autorités publiques, institutions… nous avons tous une approche commune des besoins et droits de l’enfant (…) Il y a quand même un projet politique derrière tout ça qui personnellement me parait enthousiasmant et extrêmement fort. »
 
Et le mot de la fin à la présidente du Comité de filière petite enfance : « La petite enfance, c’est le plus beau des sujets car c’est le sujet de l’avenir. (…) Je suis une présidente heureuse car nous sommes à un tournant au niveau de la petite enfance et nous allons vivre une vraie révolution. Vous en êtes les acteurs et je pense que vous pourrez vous dire ça je l’ai vécu, et je l’ai fait. »
 

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Caroline Feufeu

PUBLIÉ LE 27 septembre 2024

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