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Ils se sont investis dans la petite enfance et repartent en campagne

Depuis le début de ce deuxième quinquennat, ces personnalités – ministres ou députés – ont travaillé  sur les sujets petite enfance (accueil du jeune enfant et protection de l’enfance notamment) et se représentent devant les électeurs. Avec l’envie de poursuivre leurs combats.

 

Deux ministres éphémères : Aurore Bergé et Sarah El Haïry

Aurore Bergé dans les Yvelines
Aurore Bergé, députée LREM puis Renaissance depuis 2017, se représente dans sa circonscription des Yvelines. Elle fut ministre des Solidarités et des Familles durant 5 mois et 22 jours très exactement, a lancé deux missions IGAS annoncées par son prédécesseur Jean-Christophe Combe, l’une sur les micro-crèches Paje, l’autre sur la qualité d’accueil. Et annoncé un plan pour l’accueil individuel qui reprenait nombre de préconisations du Comité de filière petite enfance. Quelques ratés comme le lancement d’une commission parentalité qui, à peine nommée, s’est déchirée. Et une défense chahotique de l’article 10 et 10bis du projet de loi sur le plein emploi, devenus les articles 17 et 18 de la loi.
Une ministre, bouillonnante toute en communication et annonces.

Sarah El Haïry en Loire-Atlantique
Sarah El Haïry, elle aussi repart au combat dans la 5ème circonscription de Loire-Atlantique. Ministre déléguée à l’Enfance, à la Jeunesse et aux Familles durant 4 mois et 2 jours, elle aura eu le temps de remettre sur pied cahin-caha la commission parentalité d’Aurore Bergé, de lancer sa tournée « France Familles » et de signer une lettre de mission à l’IGAS sur l’accueil individuel.
Une ministre partie battre le pavé de sa ville de Nantes pour mener une campagne éclair et une administration qui poursuit ses travaux… Il n’empêche que pour le secteur de la petite enfance, c’est un nouveau coup d’arrêt. D’autant que suivra après le deuxième tour des législatives, la trêve olympique et estivale.

Des députés engagés pour la protection de l’enfance et l’accueil du jeune enfant

Michèle Peyron en Seine-et-Marne
La désormais ex-députée Renaissance de la 9ème circonscription de Seine-et-Marne depuis 2017 a annoncé repartir en campagne.
Une heure après l’allocution du chef de l’État, un coup de fil retentit. « C’était l’Élysée. On m’a demandé si j’étais prête à repartir. Et je n’ai pas hésité. J’ai dit ‘oui’ tout de suite, récapitule-t-elle. J’ai pensé aux dossiers que je porte sur l’enfance et la petite enfance, ainsi qu’aux habitants de la circonscription. Je ne peux pas les laisser ».
C’est vrai que Michèle Peyron a suivi la petite enfance et ses professionnels dès le premier quinquennat. Adrien Taquet lui avait  confié une mission en 2018  sur les PMI et son rapport : Pour sauver la PMI, agissons maintenant, de mars 2019, avait été jugé juste dans ses constats et intéressant dans ses propositions par les  professionnels de cette vénérable institution de près de 80 ans. Réélue en 2022, la députée, devient vice-présidente de la toute nouvelle délégation aux droits de l’enfant qui se crée sous la houlette de Perrine Goulet (députée Modem) de l’Assemblée nationale.
C’est dans ce cadre qu’avec la députée Isabelle Santiago (voir ci-dessous) elle prend la tête d’une mission flash, rondement menée en un mois qui se conclut en novembre 2023, par un rapport et 54 propositions dont certaines assez disruptives. Michèle Peyron avait un moment espéré avoir la présidence ou être nommée rapporteur de la commission d’enquête parlementaire sur le modèle économique des crèches et la qualité d’accueil dans leurs établissements, pour laquelle elle n’avait, par discipline envers son groupe, néanmoins pas votée… En vain. C’est sa collègue Sarah Tanzilli, elle aussi Renaissance, qui fut nommée en binôme avec le LR Thibault Bazin. Elle a été néanmoins un membre actif. Elle a suivi la plupart des auditions et voté le rapport final. La petite enfance et l’accueil du jeune enfant restent donc les sujets de prédilection de la députée depuis près de 7 ans. Et, elle qui remet son mandat en jeu, peut se targuer d’avoir travaillé !

Isabelle Santiago dans le Val-de-Marne
L’ex-députée socialiste de la 9ème circonscription du Val-de-Marne, elle aussi se représente pour ces législatives. Elle est également très engagée sur les sujets liés à l’enfance et à la protection de l’enfance. Elle connait particulièrement bien la protection de l’enfance pour en avoir été responsable au sein de son département. Et c’est pour cela notamment que la commission d’enquête parlementaire sur la protection de l’enfance qui venait de débuter et dont elle était la rapporteure lui tenait tant à cœur. Et de l’avis de tous elle menait les travaux (auditions et visites) avec beaucoup de sérieux. Elle avait tout récemment interpelé la ministre Sarah El Haïry à propos des pouponnières après une visite éprouvante dans celle de Chamalières (Puy-de-Dôme).
Et le 10 juin, au lendemain de l’annonce présidentielle sur la dissolution de l’Assemblée nationale, la députée a publié un communiqué plein d’amertume. « Cette dissolution marque la fin des travaux de la commission d’enquête sur les manquements des politiques publiques de protection de l’enfance. Bien évidemment, écrit-elle, je ne peux qu’exprimer ma profonde déception à l’idée d’être dessaisie aussi brutalement de cette commission d’enquête fondamentale ». Elle insiste : « les découvertes effectuées depuis le 14 mai n’ont fait que renforcer ma volonté de changer les dynamiques qui régissent les politiques publiques de protection de l’enfance (…) ». Et conclut : « je continue de demander un plan d’urgence en faveur des pouponnières et repars ainsi en campagne, déterminée à relancer cette commission d’enquête sous la prochaine législature. »
Quelques mois auparavant, elle avait co-mené avec Michèle Peyron, la mission flash sur l’accueil du jeune enfant décidée par la Délégation des droits de l’enfant. Et co-signé le rapport qui en était issu avec ses 54 propositions. Les deux députées issues de familles politiques différentes avaient expliqué avoir très bien travaillé ensemble et être sur la même longueur d’onde. Comme sa collègue Michèle Peyron, Isabelle Santiago n’a pas choisi la petite enfance pour se faire connaître mais bien parce que tous ces sujets lui tiennent vraiment à cœur et qu’elles les travaillent depuis longtemps.

William Martinet dans les Yvelines
L’ex-député LFI de la onzième circonscription des Yvelines est lui aussi candidat à sa succession. Il l’annoncé sur son compte Facebook, le 12 juin. William Martinet est l’un des députés français qui connait le mieux l’accueil du jeune enfant, notamment collectif et le monde des crèches. Rendons à César ce qui appartient à César. On peut dire qu’on doit à son opiniâtreté la création de la commission d’enquête parlementaire sur le modèle économique des crèches et la qualité d’accueil (son projet de résolution qui ne mentionnait que les crèches privées lucratives l’ayant étendue à toutes les crèches quel que soit leur statut en commission des affaires sociales). Cette commission, il l’a défendue bec et ongles et pourtant, contre toute attente et surtout contre toute logique, il n’a obtenu qu’un poste honorifique de vice-président. Néanmoins, il faut reconnaitre qu’il n’a pas lâché l’affaire ! Il a été très assidu : il a assisté à pratiquement toutes les auditions, les préparant avec soin et ayant toujours sous le coude des questions pointues et souvent pertinentes. Parallèlement, il a mené une commission d’enquête populaire et est allé à la rencontre des pros et des parents sur le terrain. Au bout du compte, le député William Martinet s’est abstenu lors du vote du rapport de sa collègue Sarah Tanzilli et a produit un contre-rapport moins tendre avec le secteur marchand.

Sarah Tanzilli dans le Rhône
Élue depuis 2022 de la 13 ème circonscription du Rhône, c’est fière de ce qu’elle a accompli à l’Assemblée depuis deux ans, que Sarah Tanzilli reprend elle aussi le chemin des marchés, des réunions publiques et des plateaux télé.« (…) J’ai mené des combats pour protéger nos enfants. (…). Je pense aux travaux que j’ai mené sur le modèle économique des crèches.  J’ai 73 préconisations. J’espère pouvoir demain déposer une proposition de loi pour incarner, mettre en œuvre de rapport. (…) », a-t-elle expliqué lors de son passage à BFM TV Lyon .
Pour rappel, Sarah Tanzilli, après quelques petites magouilles politiciennes avec LR, avait été nommée rapporteure de la commission d’enquête parlementaire sur les crèches (alors même que LR et Renaissance s’était opposés à la création de ladite commission). Connaissant peu ou pas le secteur de l’accueil du jeune enfant, au fil des auditions et déplacements, la jeune rapporteure a pris de « la bouteille » et a découvert la complexité du système, notamment du financement des modes d’accueil. Peu à peu, elle est devenue plus audacieuse et signe un rapport assez paradoxal.
D’un côté elle semble exempter le privé lucratif de toute responsabilité dans la dégradation d’accueil en crèche, de l’autre elle propose des préconisations qui ne vont pas dans le sens de ce que souhaitent les acteurs du secteur marchand (un seul exemple : la suppression du Cifam et des réservations de berceaux. Un entre-deux… comme si politiquement elle ne pouvait aller au bout de ses convictions. Au final, un rapport reprenant beaucoup les travaux de l’IGAS, de la mission flash et de l’IGF, enrichi d’auditions dont il n’est pas toujours tiré les conclusions attendues et avec 73 préconisations dont certaines sont caduques car déjà en cours de réalisation et dont d’autres sont dans le droit fil  de recommandations déjà énoncées par d’autres. Soyons honnête, il y a aussi propositions plus novatrices. Le rapport a été voté par les membres de la commission et donc est désormais public.

Stéphane Viry dans les Vosges
Ce député LR de la première circonscription des Vosges depuis 2017 brigue, lui aussi, un second mandat. Peu d’élus se sont penchés sur l’accueil individuel et les problèmes rencontrés par les assistantes maternelles dans l’exercice de leur métier. En novembre 2022, Stéphane Viry dépose une proposition de loi en trois articles visant à sécuriser les revenus des assistants maternels, et s’attaquant à la question des salaires impayés par les parents. Une proposition de loi qui s’est perdue dans les méandres de l’Assemblée puisqu’elle n’a jamais été inscrite au programme et donc jamais été discutée.
À noter qu’un mois avant, en octobre, une proposition de loi visant à réduire la précarité financière des assistants maternels victimes d’impayés avait été déposée par Stéphanie Galzy, députée RN de l’ Hérault.

Mention spéciale pour tous ces députés qui passant outre leurs divergences voire leurs oppositions politiques ont permis de sauver les jardins d’enfants à financement public menacés de disparition pour rentrer dans le moule de la loi pour une école de la confiance dite loi Blanquer instaurant la scolarisation obligatoire à 3 ans. En votant le 24 avril 2024  une proposition de loi transpartisane portée par la députée LR  des Alpes maritimes, Michèle Tabarot, ils ont permis à ces centenaires de poursuivre leur magnifique travail d’éducation auprès des 18 mois-6 ans

Renouer avec l’enthousiasme en petite enfance .

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Catherine Lelièvre

PUBLIÉ LE 14 juin 2024

MIS À JOUR LE 08 juillet 2024

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