Que font les assistantes maternelles sur les réseaux sociaux ?
Il y a celles qui sont devenues de vraies créatrices de contenus sur TikTok ou Instagram notamment, celles qui se confient et se soutiennent dans groupes privés sur Facebook, ou informent sur LinkedIn… Aujourd’hui de plus en plus d’assistantes maternelles utilisent les réseaux sociaux pour témoigner de leur quotidien avec les enfants qu’elles accueillent, trouver de nouvelles familles et surtout s’entraider. Que montrent-elles de leur vie, et de leur activité auprès des petits ? Quels sont leurs messages ? Peut-on les considérer comme des influenceuses ? Quid des photos des enfants ? Petit tour d’horizon avec des assmat en vogue sur les réseaux sociaux si l’on en croit leur nombre de followers !

Derrière une lumière blanche, on la voit agiter des petites silhouettes noires. Au premier rang, 3 silhouettes de tout-petits dont un bébé de 3 mois. Durant plus de 5 minutes, cette assistante maternelle conte l’histoire de la petite poule rousse, avec en légende de la vidéo, les explications de fabrication de son théâtre d’ombres.

Vidéos d’activités
Sur son compte TikTok @assmat62 qui cumule plus de 67 000 followers, la vidéo a été vue plus de 150 000 fois. Sur d’autres vidéos, on voit s’affairer d’autres assistantes maternelles avant l’arrivée des accueillis le matin, faire un coup de propre pendant leur sieste, montrer une recette de gâteaux avec les enfants, plastifier des coloriages imprimés… En somme, certaines assistantes maternelles montrent leur quotidien professionnel sur TikTok. Comme @boopoupoune_disney avec plus de 130 000 followers, @mamanetarthur et ses 76 000 followers ou encore @_laviedemimi, avec plus de 116 000 followers, pour ne citer que quelques comptes. Sur Instagram, on peut évoquer @laviencoucheculotte (plus de 30 000 followers), @assmat.stessy (environ 37 000 followers) ou encore @happyassmat et ses 15 000 followers.
Témoignages et trocs
Sur Facebook, la configuration est quelque peu différente. Les assistantes maternelles s’y réunissent en groupes, privés pour la plupart mais ce n’est pas tout le temps le cas, pour passer des petites annonces ou de la revente de matériels. Souvent, les groupes sont locaux, comme un service de proximité et concernent des départements ou des villes. En vrac, des messages de parents à la recherche d’une place, des assistantes maternelles faisant part de leur disponibilité, des appels à l’aide pour la déclaration d’impôts ou des photos des matériel de puériculture…
« J’aime beaucoup les groupes Facebook pour lire des témoignages divers, confirme @AssMat & Maman. Cela m’aide à me remettre en question ». De son côté, Véronique évoque le soutien et les réponses trouvés sur les réseaux sociaux. Pour Ornella Cavallaro, assistante maternelle, les témoignages en ligne sont bénéfiques pour les formations : « Les avant/après peuvent nous éviter certains pièges avant de commencer. Côté inspiration, c’est inévitable. Il y a tellement de choix que c’est un plaisir de faire de nouvelles activités à chaque fois ».
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Valoriser le métier et rompre la solitude
Sur son compte Instagram @_lesptitsexplorateurs_, 17 000 personnes suivent les pérégrinations de Diane, assistante maternelle depuis 13 ans et sur les réseaux depuis une petite dizaine d’années. D’abord sur Facebook, puis sur Instagram : « Au début, je partageais sur mon compte personnel pour me faire connaître et valoriser le métier », se souvient-elle. Son audience ? Majoritairement des professionnelles de la petite enfance mais aussi de jeunes mamans et des maîtresses d’école. Dans ses vidéos, elle montre surtout sa mise en place, des fichiers d’activités qu’elle crée elle-même. Ce qui lui prend entre 45 minutes et 1h30 par jour. « Quelques stories le matin avant que les enfants arrivent, ensuite je filme, monte et publie quand ils sont à la sieste », précise-t-elle.
Sur insta, quand cela devient un petit business
L’assistante maternelle oscille entre surcharge de travail et joie par rapport à ce compte sur les réseaux sociaux : « D‘un côté, c’est récréatif car nous plaisantons souvent entre nous via les messageries. D’ailleurs, je pense que c’est aussi récréatif pour mes followers que pour moi, comme si nous étions à la machine à café mais virtuelle. Je sais que certaines se sentent très seules. De l’autre côté, c’est une surcharge de travail pour moi ». Et Gaëlle de renchérir : « Depuis, je m’y suis fait même des amies, aussi bien des assistantes maternelles que des créatrices de contenu ». Cette assistante maternelle cumule environ 150 000 followers avec ses comptes Facebook, Instagram et TikTok @a_ssmat_31. Ces réseaux lui prennent environ une heure par jour, entre les vidéos et les messages privés. « J’ai une communauté très engagée avec qui je parle énormément par message sur Insta et Facebook, constate-t-elle. Ce qui m’a permis de bien connaître ma cible, composée à 95 % d’assistantes maternelles. Les vidéos qui marchent le mieux ? Les achats de jouets et de fournitures diverses, et les activités et leur mise en place ». Malheureusement, cette activité peut impliquer un grand nombre de commentaires négatifs,« des messages très durs, des critiques gratuites mais rien de vraiment justifié », rajoute Gaëlle.
Voir cette publication sur Instagram
Si, au départ, le but de leurs vidéos étaient le partage, aujourd’hui, nos deux témoins sont devenus ambassadrices de centres de formation destinés aux assistantes maternelles, pouvant témoigner d’une envie de se développer en dehors de leur métier d’assistante maternelle. En tant que créatrice de contenu, Gaëlle gagne entre 500 et 1000 euros par mois et considère cela comme du salaire : « Cela me prend du temps de le faire sur mon temps personnel donc c’est du salaire comme n’importe quel travail ». Quant à Diane, elle ne gagne pas d’argent en tant que créatrice de contenu.
Photos des enfants : jamais sans l’accord des parents
Mais que dit la loi en ce qui concerne la présence des enfants sur les vidéos ? « Si les enfants sont identifiés et/ou identifiables, il faut l’autorisation, écrite pour en garder la preuve, des deux parents, souligne maître Yann-Maël Larher, avocat spécialisé en droit du numérique. Il s’agit aussi de respecter le droit à la dignité et à la vie privée de l’enfant en tant qu’individu ». C’est pour cela que Diane a fait un double choix. Ok pour montrer les visages des enfants sur les vidéos, avec accords écrits des parents mais pas de photos compromettantes. « J’aime qu’on voit l’attention qu’ils portent aux activités malgré leur jeune âge mais je ne montrerai jamais des vidéos intimes, en train de pleurer ou sur le pot, assure-t-elle. Au même titre que si les parents ne sont pas d’accord, je ne montre pas son visage. Ils ont le dernier mot ! » Sa ligne de conduite ? Que les enfants accueillis puissent se regarder plus tard sans éprouver de gêne.
Chez Gaëlle, sa politique est de ne pas montrer les enfants, sauf éventuellement sa propre fille : « Je fais la plupart des vidéos avant ou après ma journée de travail, raconte-t-elle. Sur les réseaux, on a tendance à faire croire que tout est parfait mais je veux aussi faire voir que tout est normal chez moi aussi ».
Sur Linkedin c’est du sérieux !
On les voit moins et pourtant certaines assistantes maternelles ont rejoint le réseau professionnel Linkedin. D’ailleurs leurs syndicats y sont ! Et leur RPE aussi. Sur LinkedIn, c’est du sérieux et du 100% pro. On n’évoque pas les activités avec les enfants… plutôt les relations avec la PMI, les contrats avec les parents… on s’interroge et conseille sur les congés payés et la déclaration d’impôts. On prend position, on informe avec précision … On partage des initiatives inspirantes. Parmi les assistantes maternelles les plus présentes , il y a @Véronique Luypaert, assistante maternelle en crèche familiale, co fondatrice du Collectif nationale des assistantes maternelles en crèches familiales, une vraie militante de l’accueil individuel et des crèches fa dont les posts sont très suivis : likés et commentés car toujours bien écrits, construits et rigoureux . Mais aussi Sophie de Oliveira, assistante maternelle depuis 25 ans et beaucoup d’autres encore…
Julie Falcoz
PUBLIÉ LE 07 mai 2025