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SPPE : Jean-Paul Carteret, vice-président de l’Association des maires ruraux veut un mode d’accueil dans chaque école

Jean-Paul Carteret, le vice-président de l’Association des maires ruraux de France (AMRF), en charge de l’éducation et de la petite enfance, est un homme de terrain, avec des convictions chevillées au corps. A ce titre il a des idées pour développer le SPPE en milieu rural. Pour lui, le fait que les communes aient été désignées autorités organisatrices et que le SPPE doive se mettre en place au plus tard en janvier prochain est une vraie opportunité pour les petites communes de moins de 3500 habitants (80% du territoire français et 33% de la population) qu’il représente.

 

Il n’a pas la langue dans sa poche Jean-Paul Carteret et fourmille d’idées qu’il souhaite faire connaître car il les juge originales, même si parfois elles sont un peu iconoclastes, et surtout très en phase avec le quotidien des maires ruraux. Il souligne d’ailleurs avec un brin de fierté et d’espièglerie : « Quand souvent dans des instances comme le Comité de filière petite enfance, les collectivités locales sont le plus souvent représentées par des salariés, chargés de mission ou administratifs, de France Urbaine ou d’Intercommunalités de France…, je représente moi-même l’AMRF. Je suis un élu comme les 12 000 adhérents de l’association. Je suis là pour porter la voix des territoires ». Sous-entendu, lui sait pertinemment de quoi il parle parce qu’il le vit au quotidien.  Et ce que les maires ruraux vivent au quotidien ne ressemble pas à ce qui est vécu par les élus urbains. « Quand je les entends parler de leur manque de places en crèches, ironise-t-il, je suis forcément en décalage, nous c’est simple, nous n’avons pas toujours de crèches proches de chez nous ! ».

Le SPPE, un levier pour aménager le territoire

« Je suis un ancien directeur d’école et en tant que maire je plaide pour un véritable aménagement du territoire. Le SPPE peut, à mon sens y contribuer. Il est l’un des leviers possibles pour aménager le territoire. Par ailleurs, sans SPPE, peu d’avenir pour l’école en milieu rural. Aucun jeune couple ne viendra s’installer dans une petite commune s’il n’y a rien pour la petite enfance et l’enfance ». En clair : s’il n’y a pas un mode d’accueil de qualité quel qu’il soit et une école maternelle et élémentaire. Jean-Paul Carteret milite donc pour qu’il y ait un « SPPE », c’est-à-dire un mode d’accueil partout où il y a une école. Ce qui n’est toujours pas le cas. « De très nombreuses communes ont une école primaire mais ni assistantes maternelles, ni MAM, ni micro-crèches, ni crèches car bien souvent, tout est concentré dans la commune où il y a le collège » regrette-t-il.

Un mode d’accueil dans l’école : tout le monde est gagnant

Son combat, c’est un mode d’accueil dans l’école ! Il explique « A mon sens il faut penser à la fois accueil de la petite enfance et scolarisation ». Et de démontrer qu’installer dans un même lieu école et mode d’accueil bénéficie à tous. A la commune qui peut sauver son école. Aux parents qui peuvent conduire leurs enfants, d’âges différents dans un même lieu, ce qui en milieu rural peut réduire les temps de transports de façon non négligeable. Et avant tout aux enfants. « Un SPPE implanté dans une école, explique-t-il, peut permettre des temps passerelles entre lieu d’accueil du jeune enfant et maternelle ; cela peut aussi faciliter les passages à l’école des enfants nés en début d’année ; cela permet de ne pas séparer les fratries… A l’AMRF, les enfants ont été au cœur de cette réflexion ».
C’est aussi une solution très pragmatique à laquelle croit dur comme fer Jean-Paul Carteret.

Lavoncourt montre l’exemple

D’ailleurs, il montre l’exemple puisqu’une crèche familiale (version ex-nid maternel) s’installe dans l’école maternelle de Lavoncourt. « Ici, nous avons un regroupement pédagogique concentré. L’école de Lavoncourt accueille les enfants de onze communes. Mais aujourd’hui, il n’y a rien pour les 0-3 ans, la crèche la plus proche est à 15km. Il y a 15 ans nous avions dans la commune 18 assistantes maternelles. Nous n’en avons plus qu’une qui va partir à la retraite dans deux ans. Chez nous, c’est la communauté de communes qui a la compétence petite enfance. Il a été décidé de créer, dans l’école de Lavoncourt (le bâtiment est en train d’être rénové et nous avons évidemment l’accord de la PMI), une crèche familiale-MAM : un accueil dans les locaux rénovés pour des assistantes maternelles salariées de la communauté de communes. Pour moi c’est la solution idéale » se réjouit l’élu. Solution idéale pour plusieurs raisons. C’est un mode d’accueil collectif qui peut fonctionner exclusivement avec des assistantes maternelles, qui est souple dans le nombre d’enfants accueillis (1, 4, 5, 8 ou 16 maxi), qui n’est pas le plus coûteux pour la collectivité et qui assure une continuité avec la maternelle … Et – c’est aussi une grande satisfaction – la Caf finance les travaux de rénovation à 80%. Le syndicat scolaire aussi soutient cette initiative. Et Jean-Paul Carteret de souligner : « quand on est autorité organisatrice, on travaille avec les autres ! Ce que nous faisons à Lavoncourt, nous le faisons avec le soutien de la Caf, de la PMI, de la direction des services de l’éducation nationale. D’ailleurs, – au risque de choquer – moi je vois bien le directeur de l’école, après les formations minimales, diriger l’ensemble. » Il se prend à rêver : « je crois qu’il faut faire évoluer les mentalités et la loi aussi sans doute. Dans un même lieu, un ensemble pour accueillir et scolariser les 0-10 ans, dans le monde rural, ce serait vraiment intéressant en termes d’aménagement du territoire. Il suffirait d’organiser et de fédérer la mise en œuvre, chacun gardant sa spécificité ». Seule ombre au tableau, certains à la Communauté de communes préféreraient passer par une DSP à une association, pour la création de cette crèche familiale nouvelle version. Rien n’est tranché.

La mairie et les maisons France Services, pivots de l’information aux familles

Jean-Paul Carteret adhère complétement à la seule obligation légale qui échoie aux petites communes de moins de 3500 habitants : informer les familles. « Via les mairies, premier maillon (souvent le seul hélas) de l’entrée dans les services publics, et les maisons France services, ce sont elles la clef » insiste-t-t-il. Mais le maire de Lavoncourt voit plus loin et plus grand, il prône un assouplissement des règles (pas celles qui concernent la qualité d’accueil bien -sûr), celles qui permettent d’innover, d’inventer des solutions proches des territoires, qui puissent sortir de son isolement le monde rural, sauver les écoles, aider les familles et permettre aux enfants de bien grandir.
Dans ce contexte et avec cette ambition, pour les petites communes de moins de 3500 habitants auxquelles la loi n’impose pas l’impossible, selon le vice-président de l’AMRF, le SPPE constitue une opportunité à saisir.

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Catherine Lelièvre

PUBLIÉ LE 20 août 2024

MIS À JOUR LE 30 septembre 2024

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