Infections à méningocoques : une explosion des cas en 2023

La France a connu une recrudescence des cas d’infections dites « invasives » à méningocoque (IIM) en 2023, selon les données annuelles de surveillance publiées par Santé publique France. Cette augmentation concerne principalement les sérogroupes W et Y, atteignant des niveaux jamais observés auparavant, ce qui soulève des préoccupations importantes en matière de santé publique, notamment chez les enfants en bas âge.

On parle d’infections invasives lorsque les méningocoques présents dans la gorge d’une personne – ils ne provoquent généralement pas de maladie particulière – sont transmis par la toux ou les postillons à une autre, se multiplient et passent dans le sang. Ils peuvent alors provoquer une méningite ou une septicémie, des maladies graves nécessitant un traitement antibiotique rapide. Les infections invasives à méningocoques sont des maladies à déclaration obligatoire.
Une hausse de plus de 70 % des cas en un an
La période hivernale 2022-2023 a été marquée par un pic précoce et significatif de cas d’infections invasives à méningocoque, avec des chiffres particulièrement élevés en décembre 2022 et janvier 2023. Cette tendance s’est maintenue tout au long du premier semestre de 2023 avant de se stabiliser au niveau des années précédant la pandémie de COVID-19.
En 2023, le nombre total de cas déclarés a augmenté de manière alarmante, avec une augmentation de 72% par rapport à l’année précédente, portant une attention particulière sur les sérogroupes B, W et Y. Les nourrissons et jeunes enfants sont particulièrement à risque, notamment pour les infections du sérogroupe B, tandis que les sérogroupe W et Y touchent également les adultes de différents groupes d’âge. Ainsi Santé Publique France mentionne que : « Chez les nourrissons de moins de 1 an et les enfants de 1 à 4 ans, les IIM B restaient majoritaires représentant près de 60% des cas mais légèrement inférieurs à 2022 (67%), tandis que les IIM Y et W représentaient une part croissante de cas avec 41% des cas chez les moins de 5 ans (vs 30% en 2022). »
Cette recrudescence post-COVID-19 pourrait s’expliquer par plusieurs facteurs, notamment la baisse de l’immunité dans la population due à une moindre exposition aux méningocoques pendant la pandémie, ainsi que le retour des virus respiratoires comme la grippe, favorisant les infections bactériennes invasives.
Des recommandations vaccinales mises à jour
Les données de surveillance ont été cruciales pour la révision de la stratégie vaccinale contre les méningocoques. La Haute Autorité de Santé a formulé des recommandations pour renforcer la vaccination, notamment en rendant obligatoire la vaccination contre les sérogroupes A, C, W et Y chez tous les nourrissons de moins d’un an, ainsi que la vaccination contre le sérogroupe B.
La recrudescence des infections invasives à méningocoque en France en 2023 souligne l’importance de la surveillance épidémiologique continue et de l’adoption de mesures préventives, en particulier dans le contexte de la petite enfance où le risque semble être plus élevé.
Isabelle Hallot
PUBLIÉ LE 10 avril 2024
MIS À JOUR LE 10 juin 2024