Antoine Perrin, EJE : « Je vais au travail tous les matins avec le sourire et l’envie ! »
Antoine Perrin est devenu éducateur de jeunes enfants suite à une reconversion professionnelle. Depuis près de 14 ans, il travaille en crèche et s’apprête à endosser une nouvelle responsabilité : celle de directeur adjoint d’une structure. Il nous raconte son parcours, ses doutes et ses succès.

Après un BTS dans le tourisme, Antoine Perrin travaille plusieurs années comme agent de voyage. Mais l’épanouissement n’est pas là. Il appréhende ses journées, il se retrouve avec la boule au ventre le dimanche soir. Le jeune homme qui, lorsqu’il était étudiant s’est occupé d’enfants pendant les vacances scolaires, songe à recommencer, mais cette fois d’en faire son métier. Nous sommes alors en 2010, Antoine balaie ses appréhensions, passe son CAP petite enfance en candidat libre et l’obtient. Il est embauché quasiment tout de suite dans une crèche associative de 35 berceaux dans l’agglomération de Besançon.

Plongée dans le grand bain
« Il faut être honnête, avec mon seul diplôme, je ne connaissais pas grand-chose au métier, raconte-t-il. C’est l’expérience sur le terrain qui m’a permis de découvrir toutes ses facettes et sa complexité surtout. » Antoine restera près de 13 ans dans cette crèche. 13 ans durant lesquels il ne cessera de se former et d’évoluer sans jamais regretter sa reconversion. « J’ai découvert dans ce métier qu’il était possible d’aller au travail tous les matins avec le sourire et l’envie. Alors oui, il y a des jours plus difficiles que d’autres, des moments où on se retrouve confronté à des situations complexes, mais on est vite rattrapé par toutes les petites satisfactions du quotidien. »
Remise en question de ses pratiques
Les premiers temps, Antoine apprend au contact de ses collègues. Corinne, sa directrice pendant 12 ans, fait partie des personnes qui l’ont inspiré. « Elle avait un vrai regard sur la petite enfance, une douceur et une bienveillance et cette volonté de fédérer son équipe ». Le jeune homme a la chance d’avoir un gestionnaire qui lui permet de faire de nombreuses formations. « J’avais vraiment une soif d’apprendre, je voulais découvrir tous les courants, toutes les différentes pédagogies », se souvient-il. Il prend confiance en lui et peu à peu commence à se questionner sur ses pratiques.
Et puis il y a un tournant : une formation sur les neurosciences « qui m’a vraiment fait prendre conscience que j’étais dans une attente vis-à-vis de l’enfant qui n’était pas du tout réaliste par rapport à ses capacités », analyse-t-il. Antoine exerce alors dans des services avec 20, 25 enfants, dont certains sont âgés d’un an et demi, deux ans. « Je réalise que nous sommes trop exigeants avec eux. Cela nous met en difficulté, cela les met en difficulté au quotidien. »
Par ailleurs, il s’interroge également sur sa relation aux parents, avec ce sentiment d’être à leur service et de devoir répondre à leurs attentes. « On se met une sorte de pression incroyable pour pouvoir prouver chaque soir au parent que l’enfant a bien été occupé. Au fur et à mesure du temps, je me suis aperçu que la plupart des activités artistiques tournées vers ce but (satisfaire le parent) finalement, le plus souvent, ne parlaient pas spécialement aux enfants. J’ai changé de posture et compris que je pouvais expliquer de manière intelligente aux parents notre approche pédagogique. »
Montée en compétences
Le Covid constitue une autre période charnière pour Antoine. Il monte un site Internet pour pouvoir garder le contact et le lien avec les familles durant la période. Une fierté. Il prend du galon et devient chef d’équipe « entre guillemets, malgré mon simple CAP ».
Grâce à une formation en management, le professionnel comprend que sa méthode n’est pas forcément la meilleure. « J’avais l’image du chef qui avait identifié des objectifs et se demandait ensuite comment faire adhérer son équipe, observe-t-il. Alors qu’il est préférable de repartir de la base, de la problématique, réfléchir ensemble à comment la résoudre, et fixer des objectifs de manière collégiale avec l’ensemble de l’équipe. Le projet ne peut pas être celui d’une seule personne, il ne perdurera pas. » Cette méthode, il l’expérimente avec la langue des signes qui est intégrée dans l’ensemble des services de la structure. « C’est devenu un bel outil de communication qu’on apporte aux enfants qui en ont besoin, pas un gadget. »
Devenu éducateur de jeunes enfants, il prend de nouvelles responsabilités
Juste après le Covid, Antoine engage une VAE pour devenir éducateur de jeunes enfants. Il obtient son diplôme en novembre 2022. Quelques mois plus tard, il quitte la structure et intègre une micro-crèche qui s’inspire de la pédagogie Montessori où il devient référent technique. Une expérience enrichissante qui lui apprend énormément. « Cela m’a permis sur 20 % de mon temps dans la semaine de faire de l’administratif, gérer les plannings des professionnels, des enfants, commander les repas et puis surtout animer des réunions avec les parents et les professionnels. » Il apprécie ses nouvelles missions d’autant qu’elles lui permettent de continuer à passer du temps auprès des enfants.
Un nouveau défi en 2025
Un an plus tard, cerise sur le gâteau, une nouvelle opportunité se présente. Antoine obtient un poste de directeur adjoint dans une crèche publique de 60 berceaux dans le centre-ville de Besançon. En février prochain il démarrera cette nouvelle mission qui l’enthousiasme déjà même s’il concède qu’il y a une part d’inconnu. « Le poste pour moi est idéal, car je garderai le contact du terrain en travaillant au moins une journée par semaine avec les enfants et je vais pouvoir monter en compétence dans l’encadrement et la direction. Cela me plait aussi de découvrir le fonctionnement du public. » À 40 ans, confiant, il se sent prêt à endosser ce nouveau rôle. Prochaine étape : passer le concours d’Eje territorial pour entrer dans la fonction publique.
Candice Satara
PUBLIÉ LE 27 décembre 2024