L’Institut Montaigne formule des propositions fortes pour la petite enfance, dans les quartiers populaires

Dans un rapport publié la semaine dernière, l’Institut Montaigne présente 31 propositions pour améliorer les conditions de vie dans les quartiers populaires, dont trois axées autour de la petite-enfance.

Dans le prolongement d’un premier rapport « Les Quartiers pauvres ont un avenir », lancé en octobre 2020, l’Institut Montaigne, le think-tank d’inspiration libérale publie un nouveau rapport « L’avenir se joue dans les quartiers pauvres ». Il énonce une série de situations vécues dans les 24 heures des journées ordinaires des habitants, rencontrés dans les Quartiers Prioritaires de la Politique de la Ville (QPV) de la France Métropolitaine, auxquelles il apporte des réponses opérationnelles. En partant des besoins identifiés des populations et non de l’offre publique, il espère ainsi « redonner la voix aux habitants et (de) leur proposer des mesures concrètes afin d’améliorer leur quotidien et leurs conditions de vie ».
Recentrer l’action publique autour des habitants
Les deux co-auteurs, Hakim El Karoui (essayiste et consultant) et Olivier Klein (président de l’Agence Nationale de Rénovation Urbaine (ANRU) et maire de Clichy-sous-Bois) s’interrogent : « Comment apprendre à faire ou refaire société dans des territoires qui en accumulent tous les maux ? Quelles mesures pour améliorer durablement les conditions de vie des habitants des (QPV) ? ». Malgré des progrès notables dans les dernières décennies, le premier rapport mettait en évidence un sous-investissement public à destination des quartiers pauvres qui pénalise les habitants (40% des 1296 quartiers prioritaires de la politique publique de la ville ne disposent pas de crèche). Ce second rapport constate également que ces quarante dernières années, la politique de la ville s’est beaucoup centrée sur la rénovation du bâti et du cadre de vie, avec des résultats très positifs. Il préconise « d’aller plus loin, en recentrant l’action publique autour de ceux qui y habitent, dans une stratégie globale de promotion sociale et de lutte contre la pauvreté. » Les co-auteurs proposent donc une nouvelle méthode de travail à destination des quartiers populaires, un « ANRU des habitants » fondé sur 31 mesures opérationelles qu’ils développent dans ce rapport, qui « se fixe pour objectif de satisfaire globalement la demande sociale, dont la rénovation urbaine constitue l’un des axes déterminants et dont l’exécution serait interministérielle ».
31 propositions dont trois pour l’accueil de la petite-enfance
A partir de leurs observations faites à la rencontre des habitants, les co-auteurs formulent donc 31 mesures – dont certaines concernent la petite enfance, mais également la santé, l’éducation, les entreprises, l’action associative, le suivi scolaire etc. – visant à engager un nouvel avenir et améliorer les conditions de vie dans ces quartiers populaires. Ils en chiffrent le coût à 2 milliards d’euros annuels, plus 300 millions d’investissement ponctuel.
En ce qui concerne l’accueil de la petite enfance, les co-auteurs relèvent deux difficultés majeures :
- « un déficit structurel d’accès aux modes de gardes des jeunes enfants, auquel il convient de répondre par des moyens financiers pour la création de places en crèche ; »
- « une absence de « parcours de développement » structuré, avec des lieux d’accueil adaptés à la situation des familles en QPV, associant les parents et permettant une réelle correction des inégalités de destin. La mise en place d’un parcours petite enfance adapté et le renforcement de la formation des professionnels de la petite enfance sont des solutions pertinentes pour les quartiers. »
Ils proposent donc une proposition clé et deux propositions complémentaires :
Proposition clé : « Entre l’âge de 6 mois et 3 ans, systématiser l’intégration des familles à un « parcours petite enfance » et ouvrir 300 nouveaux Établissements d’accueil du Jeune Enfant. Coût de la mesure estimé : 100 millions d’euros en investissement à répartir entre l’État, les collectivités et porteurs de projet et 90 millions d’euros annuels en fonctionnement à répartir entre l’État et les collectivités. »
- « Renforcer la dotation budgétaire aux communes pour la création de 15 000 places en crèche sur le prochain quinquennat. »
Coût de la mesure estimé : 50 millions d’euros en investissements et 37,5 millions d’euros annuels en fonctionnement. - « Accompagner le « parcours petite enfance » d’une stratégie d’accueil dans les structures petite enfance des personnes souhaitant exercer le métier d’assistante maternelle ou de puéricultrice, afin de soutenir et faciliter la création d’emplois dans ce secteur. »
Coût de la mesure estimé : 35 millions d’euros annuels pour relever le budget alloué aux aides pour les alternants de 30 %.
Enfin, pour remédier au sous-investissement des pouvoirs publics le rapport invite à faire confiance aux acteurs locaux pour trouver les voies et moyens d’un ensemble de mesures adaptées aux besoins des quartiers populaires et de leurs habitants : « Osons faire confiance aux outils existants lorsqu’ils sont performants et aux acteurs de la société civile plutôt qu’aux grands rassemblements institutionnels. »
Télécharger le rapport de l’Institut Montaigne – « L’avenir se joue dans les quartiers pauvres – 24h dans la vie d’un habitant » – juin 2022
https://www.institutmontaigne.org/ressources/pdfs/publications/rapport_lavenir-se-joue-dans-les-quartiers-pauvres.pdf
Laurence Yème
PUBLIÉ LE 06 juin 2022
MIS À JOUR LE 13 janvier 2023