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Services de Pmi : une forte baisse des effectifs 

La Drees vient de publier des statistiques sur l’évolution des personnels des services de Pmi depuis 2010. Les effectifs globaux sont en baisse et les évolutions sont variables selon les catégories de professionnels. Sans surprise le nombre de médecins continue à s’effondrer mais les puéricultrices et sages-femmes tirent leur épingle du jeu.

Ce 5 novembre, la Drees a communiqué des données nationales et départementales détaillées concernant les personnels des Pmi de 2010 à 2022, issues du volet Pmi de l’enquête annuelle Aide Sociale. Elles révèlent qu’en l’espace de 12 ans, les services de Pmi ont perdu près de 400 emplois soit une baisse de 3,5% de leurs effectifs, alors que les prérogatives des services de Pmi ont été étendues par le décret du 29 août dernier. 

Les puéricultrices et sages-femmes progressent
Cependant, toutes les professions ne sont pas impactées de la même manière et évoluent de façon très variable. Les puéricultrices, restent les plus représentées avec 44% des ETP fin 2022 et gagnent près d’1% par an. De 2010 à 2022, leur effectif a gagné 6% soit 510 ETP de plus. Alors que le nombre d’infirmières diminue, à 12% des effectifs totaux (130 ETP de moins). Également en hausse, le nombre de sages-femmes en Pmi affiche une progression constante depuis 2010, d’environ 1,4% par an. Elles étaient 1161 ETP à exercer en Pmi en 2022. Claire Akouka, responsable de communication du Conseil National de l’Ordre des Sage-Femmes (Cnosf), estime néanmoins que les effectifs de sages-femmes en Pmi devraient être renforcés. « Notre instance propose que de nouvelles normes de fonctionnement soient définies et revues tous les 5 ans afin de garantir l’accès aux soins des plus vulnérables et la sécurité des prises en charge ». Le Cnosf demande également à ce que le statut médical des sages-femmes territoriales soit affirmé au regard des lacunes actuelles de celui-ci.

Médecins : la tendance à la baisse s’aggrave 
Deuxième profession la plus représentée en Pmi, le nombre de médecins, diminue chaque année de près de 4 % depuis 2010 soit 850 médecins de moins. Les psychologues sont également en baisse d’1,8% par an. Pour Pierre Suesser, co-président du Syndicat National des Médecins de Pmi (Snmpmi), c’est une tendance qui s’aggrave, due à la démographie mais pas seulement : « Le rapport de Michèle Peyron « Pour sauver la PMI, agissons maintenant » l’avait bien expliqué il y a cinq ans : il y a un abandon relatif mais important de cette politique de Pmi par de nombreuses collectivités et par les gouvernements successifs. Il n’y a pas eu de mesures fortes pour porter remède aux alarmes qu’il évoquait. Le rapport affirmait que si rien n’était fait, dans 10 ans la moitié des départements n’auraient plus de services de Pmi. Cela fait 5 ans et l’on est en train de constater qu’il y a un vrai problème. » Pierre Suesser dénonce la baisse manifeste des professions les plus qualifiées, qu’il explique par le manque d’attractivité de ces postes en Pmi, notamment en termes de rémunération. « Médecin de Pmi et médecin de santé scolaire sont les deux professions médicales salariées dont les salaires sont 40% inférieurs… A un moment donné il est difficile de ne pas faire le lien », souligne-t-il. Et de rappeler l’une des propositions faites dans le rapport des dernières Assises de Pédiatrie, de mettre en place un statut commun de médecin de la fonction publique, avec une grille proche ou identique à celle des praticiens hospitaliers. « Si on ne fait pas cela, on va vers la mort d’un certain nombre de professions (…) Et si la Pmi perd ce rôle de service de santé, ce sera une catastrophe », conclue-t-il.

Des équipes pluridisciplinaires pour plus de richesse 
Bien que le sursaut soit infime, notons que le nombre d’Eje exerçant en Pmi (3% des effectifs) fluctuant ces dernières années, était en légère hausse fin 2022, avec 334 ETP contre 284 en 2010. Une tendance qui réjouit Julie Marty-Pichon, co-présidente de la Fédération Nationale des Educateurs de Jeunes Enfants (Fneje) : « On le demandait depuis longtemps avec la plateforme sur l’avenir de la Pmi, il est temps que les Eje prennent leur place et apportent une autre approche qui n’est pas celle de la santé dans les Pmi. Les EJE sont expertes de la petite enfance et de l’accompagnement des familles, cela parait logique de pouvoir intégrer les équipes. On sait que les regards croisés amènent une meilleure prise en charge, cela va dans le bon sens ! » Pour Julie Marty Pichon, le métier d’Eje souffre d’être encore méconnu, et sa perception dépend encore des départements et des milieux. « C’est une question de culture, résume-t-elle. Pendant des décennies, la Pmi était sur un volet très santé et prévention et ce rôle était dévolu aux professionnels de santé. Mais aujourd’hui, les Eje ont toute leur place en Pmi : je rappelle que c’est aujourd’hui la formation la plus complète à l’heure actuelle pour accompagner les familles et enfants de moins de 7 ans », précise-telle. Pierre Suesser le confirme, « la profession d’EJE a toute sa place en PMI, c’est le travail pluridisciplinaire qui fait toute la richesse de la PMI ». Quant aux auxiliaires de puériculture, elles se maintiennent à 9% des ETP exerçant en Pmi, malgré des effectifs fluctuants avec une tendance à la baisse au fil des années. Elles étaient 978 ETP en 2010, elles ne sont plus que 925 ETP en 2022.

Consulter les données de la Drees 

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Laurence Yème

PUBLIÉ LE 07 novembre 2024

MIS À JOUR LE 08 novembre 2024

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