Abonnés
Zoom sur l’accueil de la petite enfance à Lyon
Depuis 2020, avec l’arrivée des écologistes à la tête de la Ville et de la métropole, Lyon a pris un virage à 180 degrés vers la nature, le vert, le bio, les circuits courts, la réduction des déchets. L’accueil du jeune enfant, c’est un fait a changé et plutôt en bien pour les familles comme pour les professionnels. Mais Lyon a d’autres spécificités : les EAJE sont, et c’est historique, en majorité de statut associatif et largement subventionnés par la municipalité. Le secteur privé, et notamment les micro-crèches, est assez bien implanté. Et puis à l’évocation de la troisième commune de France, plane encore le décès d’une petite fille dans une micro-crèche People&Baby de la Ville, un fait divers tragique qui a bouleversé tout le secteur et enclenché une série de rapports, et mesures.
Des objectifs ambitieux et la volonté de faire bouger les choses
Il faut reconnaitre que la Ville fait ce qu’elle dit. Elle tient ses promesses. Ce constat des acteurs de la petite enfance est unanime et assez rare pour être souligné. Les promesses étaient belles en termes de créations d’offre d’accueil (1000 places) mais également d’écologie. Sur le premier point le compte n’y sera sans doute pas, sur le second les objectifs seront largement atteints. La création de places butte comme partout sur la pénurie de professionnels et l’heure est plutôt à tenter de préserver celles existantes avec les mêmes amplitudes horaires. En début de mandature, l’élu petite enfance Steven Vasselin, lors d’une interview, nous avait expliqué que la Ville souhaitait « redevenir une force motrice de la politique petite enfance. » Force est de constater, qu’à mi-chemin, elle semble en phase avec ces résolutions de départ et se donne les moyens de faire bouger les choses. Avec un souci, on nous l’a souvent répété, de « répondre véritablement aux besoins de la population ». Ce qu’elle fait via ses points d’accueil et information petite enfance (PAIPE) basés dans chaque mairie d’arrondissement. Les parents peuvent s’y renseigner sur les modes d’accueil individuels et collectifs. Mais seuls les EAJE publics et associatifs y sont répertoriés. Pas de place pour le privé qui vit sa vie de son côté. Tout comme le secteur privé lucratif ne participe aux commissions d’attribution.
Un fort soutien aux crèches associatives
« Il y a quelques années, avant l’arrivée du privé lucratif, les crèches associatives représentaient plus de 50% de l’offre d’accueil », note Gislaine Bartier, coordinatrice des crèches Saint Bernard, sur le départ comme elle aime à se présenter. La crèche Saint Bernard est une des plus anciennes crèches associatives de Lyon, créée en 1846 dans le quartier des Soyeux.
Aujourd’hui les crèches associatives demeurent les plus nombreuses (elles représentent plus de 44% de l’offre d’accueil collectif) et la Ville les soutient totalement : financièrement en les subventionnant et en mettant gratuitement un local à leur disposition mais aussi « moralement » en les associant à tous les projets menés pour ses crèches municipales. Explication de Steven Vasselin, élu petite enfance : « On se place toujours du point de vue des familles. Elles doivent retrouver la même qualité d’accueil que leur enfant fréquente une crèche municipale ou associative ». Le choix de la ville : « niveler par le haut l’ensemble des crèches qu’elle finance. Nous essayons de développer les mêmes projets dans ces structures, dans les RPE etc. D’ailleurs, chaque année, je réunis les 250 personnes exerçant dans l’ensemble des structures. »
Mieux, le service petite enfance de la ville organise tous les deux mois, depuis le COVID et désormais en présentiel, des réunions avec les « majors », comprendre avec les plus gros gestionnaires associatifs, globalement ceux ayant au moins 3 crèches. Pour rompre l’isolement des structures pour mieux coordonner l’ensemble des actions petite enfance.
« Des réunions très utiles, selon Gislaine Bartier, cela nous permet d’exprimer nos inquiétudes et expériences. C’est un lieu de questionnement. Il n’y a pas d’élus, mais exclusivement des « techniciens ». Les ordres du jour et comptes rendus étant élaborés par les services de la Ville sur nos propositions ». « Cela nous permet d’avoir des remontées-terrain rapides », précise Steven Vasselin.
Une volonté : maintenir l’équilibre entre le public et le privé associatif
Ce soutien appuyé et sincère aux crèches associatives n’empêche pas Lyon d’avoir le souci de poursuivre le développement de crèches municipales. En début de mandature, la Ville annonçait donc un objectif de création de 1000 places. Dont un tiers en crèches municipales et 2/3 en crèches associatives. Aujourd’hui, la Ville a déjà à son actif la création de 550 berceaux. Plus de la moitié de l’objectif se réjouit cependant l’élu petite enfance lyonnais.
Steven Vasselin insiste aussi sur les projets à venir, 15 à 20 EAJE de 20 à 25 berceaux à l’horizon 2027-2028. Avec quatre projets de crèches en plein air (voir ci-dessous) qui lui tiennent particulièrement à cœur. Les deux premières devant ouvrir en septembre 2025 et les deux suivantes en 2026, juste à la fin de cette mandature écologique à la mairie.
Récente poussée des micro-crèches privées
Les EAJE du secteur privé lucratif sont à part. Ils n’ont aucun lien avec la mairie, le service petite enfance ou l’élu. Ils ne font pas partie de l’offre d’accueil, des pratiques écoresponsables et pédagogies portées par la Ville. Tous les grands réseaux du secteur marchand sont représentés (LPCR, La Maison Bleue, People & Baby et Babilou). La Maison Bleue compte 5 crèches PSU à Lyon et une micro-crèche Paje implantées depuis une quinzaine d’années. Clément Godeville, directeur commercial Grand Est, confirme cette coexistence pacifique avec la Ville. « Chaque année nous essayons de communiquer avec la direction petite enfance qui nous explique pouvoir faire face à la demande avec ses seules structures municipales ou associatives subventionnées. Or, les familles viennent d’abord vers nous parce que leur demande auprès de leur mairie n’a pas abouti. Et nous pouvons les accueillir. Mais il est vrai que les enfants de nos crèches viennent majoritairement via la réservation de berceaux des entreprises grâce notamment au Cifam. »
Mais il y aussi une multitude de petites entreprises indépendantes ou des réseaux de micro-crèches (Les petits lions, Coccicrèches, Les Chérubins). Les chiffres montrent que ce sont ces petites structures qui se sont le plus fortement développées ces dernières années même si ce sont les crèches d’entreprises qui apportent encore le plus de places : 1079 places vs 948. L’écart se resserre. Contactés ces petits réseaux n’ont pas souhaité répondre à nos sollicitations.
L’accueil individuel en berne
A Lyon, l’accueil individuel n’est pas, comme dans de nombreuses grandes villes, en grande forme. Pour deux raisons essentiellement. D’une part selon, Corinne Krausse présidente de l’association d’assistantes maternelles Camalyon, « parce que la mairie a décidé de tout miser sur le collectif », d’autre part selon Steven Vasselin « parce qu’à Lyon le foncier est très cher, les locations aussi, et qu’il y a pénurie de logements sociaux. Il est donc coûteux d’habiter dans un appartement assez grand pour exercer le métier d’assistantes maternelles » et enfin selon la Caf du Rhône « parce qu’à Lyon la baisse du nombre d’assmat est de 12%, soit le double de la baisse moyenne enregistrée en France (6%). ». Un ensemble de causes donc, aggravé, selon les intéressées par une tendance de la PMI à ne donner des agréments qu’au compte-gouttes et rarement désormais (ndlr : la nouvelle réglementation prévoit des agréments sans mention de l’âge des enfants) pour l’accueil de plus de deux enfants. Avec aussi, un nombre trop faible de sessions de formations organisées par le département.
Pour Corinne Krausse, c’est clair : « la mairie ne nous soutient pas et de fait nous dépendons du Grand Lyon (ndlr : la métropole). Mais elle ne nous intègre pas à son offre d’accueil. Elle mise tout sur le collectif. Et pourtant, nous, les assistantes maternelles, sommes une soupape de sécurité : quand il n’y plus de places en collectif, pour le préscolaire etc. ». Et de regretter le manque d RPE. « Dans mon arrondissement, il y a 2 RPE pour environ 500 à 600 assistantes maternelles. C’est peu. Et par ailleurs, la puéricultrice de mon secteur a donné un seul agrément cette année… Or il y 100 000 habitants dans mon arrondissement et deux centres de PMI. Alors oui il y a pénurie d’assmat mais rien n’est fait pour qu’il y en est plus et pour valoriser leur métier », précise-t-elle.
A la Ville, on note que 19 RPE correspond à ce qui est attendu pour une ville de cette taille. Et on souligne qu’une dizaine de 10 RPE supplémentaires sont en cours de d’ouverture. Un RPE « plein air » ouvrira même en septembre à la Tête d’Or.
A la PMI du Grand Lyon, on tempère et on justifie. (Voir ci-dessous).
Deux Mam et des crèches familiales sur le déclin
L’exercice en crèches familiales ou en Mam n’est pas mieux loti. Le service d’accueil familial de la mairie a fermé en 2023 et aujourd’hui il n’existe plus que 4 crèches familiales, toutes les quatre associatives. L’une d’elle, Septimousses agréée pour 45 berceaux, tient bon la barre mais s’inquiète du manque d’assistantes maternelles. Agréée pour 45 berceaux, elle n’offre au bout du compte que 35 à 40 places. Pas assez d’assistantes maternelles agréées et pas assez d’assistantes maternelles intéressées par l’exercice en crèches fa qui pourtant, selon Laure Le Bihan, directrice de Septimousses, ne manque pas d’attraits.
La crèche familiale gérée par l’association crèches Saint Bernard, elle, bat de l’aile. « Aujourd’hui, les assistantes maternelles de notre crèche familiale passent juste une journée dans la crèche collective de leur secteur. Mais, elles font vraiment partie de l’équipe », explique Gislaine Bartier.
Côté Mam, deux structures seulement. L’une créée il y a deux ans par une assistante maternelle voulant rompre son isolement et une pro de crèche voulant exercer dans une petite structure. C’est comme ça que Mélanie Berge et Sandy Fournier ont créé la première et seule Mam de Lyon. Avec au départ quelques difficultés, « les bailleurs, disent-elles, étaient un peu méfiants et réticents ». Mais, aujourd’hui, la Mam Aux p’tits gones existe et accueille 8 enfants de 2 mois à 3 ans et demi. Elle dispose d’un local de 88m2 dans le 1er arrondissement. Les deux professionnelles se sont senties soutenues et accompagnées à la fois par la PMI du Grand Lyon (« la puéricultrice de notre secteur était très aidante et favorable à notre projet ») et par la mairie qui l’a tout de suite répertoriée dans son Point Petite Enfance. Devant le succès (des familles ravies et d’autres sur liste d’attente), les deux professionnelles envisagent de s’agrandir et surtout de s’associer à d’autres assistantes maternelles pour créer une deuxième Mam.
La Caf : une vraie partenaire proactive
La Caf du Rhône se veut un partenaire indéfectible. Elle accompagne nombre de projets et initiatives et en est même parfois à l’origine. Pour preuves, le club RH qu’elle a mis sur pied pour accompagner les directeurs d’EAJE dans leur management et les aider à fidéliser des professionnels qu’ils peinent déjà à recruter et le financement de la « verdisation » des crèches avant même le nouveau bonus développement durable de la COG 2O23-2027. Et notamment accompagne financièrement via une subvention issue de ses fonds locaux tous les projets éco-responsables de la Ville : végétalisation des espaces extérieurs, pédagogie de plein air et utilisation de produits écologiques.
La Caf du Rhône est « bonne élève ». Proactive, elle porte un projet global de territoire. Dès 2021, elle a signé une CTG avec la Ville avec qui elle partage une vision globale et commune sur la petite enfance. Le Rhône est doté d’un nouveau schéma départemental de services aux familles (2021/2026) qui concerne la petite enfance, la parentalité, l’enfance et la jeunesse et l’animation de la vie sociale.
Sandrine Roulet, directrice adjointe politiques sociales et territoriales souligne que l’accompagnement de sa Caf n’est pas que financier, il l’est aussi en ingénierie. Et elle ajoute « nous avons pu accompagner des créations de places, mais notre action ne porte pas seulement sur le quantitatif, nous avons à cœur d’agir sur le qualitatif. (Voir ci-dessus). Et puis surtout nous faisons tout pour maintenir l’existant. Nous n’avons eu aucune fermeture économique dans notre département. Les seules fermetures de places l’ont été faute de personnels. Et si nous n’avons pas de fermetures économiques, c’est que notre aide en ingénierie a porté ses fruits. ».
Bref, en phase avec les trois objectifs que le caf s’est fixés : accompagner les gestionnaires, préserver les places et agir sur la qualité.
La PMI du Grand Lyon : tout en prudence et rigueur
Dans le Rhône il y a deux PMI. La PMI du département du Rhône et la PMI du Grand Lyon. C’est de celle-ci bien sûr que dépend la ville de Lyon, ses crèches et ses assistantes maternelles. Et les relations ne sont pas toujours fluides, nombre d’EAJE considérant que la PMI est plutôt dans le contrôle que l’accompagnement… Il faut dire qu’après le décès d’une petite fille dans une micro-crèche People & Baby de la Ville, la vigilance et la prudence sont de mise. Au point parfois d’apparaitre très rigide dans ses « prescriptions » ou du moins un peu trop tatillonne.
A sa décharge, on pourrait comprendre une relative prudence eu égard au tragique fait divers de l’été 2022. « C’est vrai, regrette le Dr Marie-Sophie Barthet-Derrien, directrice de la PMI, dès qu’il y a un problème, c’est tout de suite vers nous qu’on se tourne ! Même si nous n’y sommes pour rien ! ». Et d’une certaine façon, elle le comprend, elle qui reconnait : « la qualité d’accueil est au centre de nos missions. Nous sommes le garant de la sécurité et du bien-être des enfants dans les lieux d’accueil quels qu’ils soient ».
La PMI du Grand Lyon revendique néanmoins d’accompagner la ville dans son choix – végétalisation des sols et pédagogie de la nature – et explique que la question de l’extérieur a toujours été une de ses préoccupations depuis près de 10 ans. Mais admet être dans son rôle quand elle reste vigilante notamment, en tenant à poser quelques limites, en ce qui concerne les projets plein air de la Ville. Nathalie Viallefond, puéricultrice, cheffe du service accueil du jeune enfant, reconnait : « On peut nous trouver pénibles parfois mais notre mission, c’est la prévention. Nous n’imposons rien, nous alertons sur les points de vigilance quand il y a des risques pour les enfants. Et évidemment il y a des points de blocage quand les projets ne sont pas conformes à la réglementation ». D’où quelques tensions parfois…
Du côté de l’accueil individuel, Nathalie Viallefond assume : « c’est vrai que, pour un premier agrément, en fonction du projet pédagogique de l’assistante maternelle, on a tendance à ne donner que deux agréments. Ensuite, selon comment cela se passe, on augmente à trois ou quatreenfants. Car nous avons parfois eu des désillusions avec certaines professionnelles notamment pendant les dérogations COVID. Donc oui nous adoptons une position de prudence. ».
Quant aux formations qui ne seraient pas en assez grand nombre, (une quarantaine par an quand même…), elle précise que c’est surtout le manque de candidates qui est problématique. Elles étaient 731 en 2018 et seulement 272 en 2023…
La nature au cœur du projet pédagogique des crèches
A Lyon, l’écologie dès la crèche n’est pas un vain mot. Comme Steven Vasselin nous l’expliquait déjà en 2020, les choix pris pour les crèches municipales et associatives sont forts, clairs et assumés. « C’est de l’écologie appliquée, explique-t-il. Nous souhaitons faire des crèches des modèles inspirants y compris pour les familles. »
Au programme :
– un vaste plan de végétalisation des espaces extérieurs des crèches entrepris en 2021. Un sacré budget pour la Ville mais fini les sols souples synthétiques et place à la terre, à l’herbe, aux bacs à sables et aux arbres !
– une pédagogie de la nature avec des pros formés. Tous dehors par tous les temps pourrait être la devise des crèches lyonnaises : les enfants ont été équipés par la Ville de bottes et salopettes imperméables, et les pros formés (une journée et demi) à cette pédagogie née en Scandinavie, des kits jardinage sont proposés.
– mieux la ville porte quatre projets de crèches plein air (pas « semi-plein air », insiste Steven Vasselin). Les deux premières devraient ouvrir dès septembre 2025 et les deux dernières en 2026. Steven Vasselin, revenu enthousiaste d’un voyage d’étude en Finlande, est très attaché à ce projet qu’il défend bec et ongles au risque de s’attirer les foudres de la PMI (ndlr : les crèches semi plein air sont citées dans le référentiel bâtimentaire de 2021, mais rien n’est dit sur les crèches plein air). L’élu ambitionne de créer une sorte de standard des crèches plein air.
Alimentation bio et circuits courts
« Les crèches de la ville sont toutes passées à une alimentation 100% bio », énonce fièrement Steven Vasselin. Et, ajoute-il, « à 80% ce sont des produits locaux. » Et, ce qui ne fut pas toujours bien perçu, une fois par semaine, les tout-petits ont un repas exclusivement végétarien. « Il faut manger moins de viande, on le sait, justifie Steven Vasselin, et les repas proposés en crèche respectent un parfait équilibre alimentaire. Ils sont supervisés par un pédiatre et une diététicienne. Et même par rapport aux familles, on lève un tabou : non la viande à tous les repas n’est pas nécessaire ».
Par ailleurs la lutte contre les perturbateurs endocriniens est aussi prise en compte : pas de vaisselle en plastique !
Une expérimentation et beaucoup d’ambition autour des couches compostables
Les couches composables, voilà un produit auquel l’élu petite enfance de Lyon croit dur comme fer. Dans un premier temps, la ville s’était lancée dans une expérimentation autour des couches lavables. « Force est de constater, explique Steven Vasselin, que nous n’avons pas réussi à convaincre les équipes. Et la pénurie de professionnels évidemment ne nous a pas aidés. Et pourtant, le lavage des couches était externalisé. On a donc cherché une alternative. »
Et ce fut les couches compostables. En novembre 2023, 10 crèches ont commencé à utiliser des couches compostables, collectées et compostées industriellement. Une fois compostées, elles deviennent un super engrais pour les sols agricoles du Grand Lyon. Deux marques Popotine (Mundeo) et celluloses de Brocéliande participent à cette expérimentation. Et pour le compostage, la Ville et la métropole travaillent avec les Alchimistes. Les retours des équipes sont très écoutés car ils permettent de faire évoluer le produit.
« On a commencé à structurer une filière, explique Steven Vasselin. C’est un choix politique de porter un tel projet. Cela nous coûte cher mais nous souhaitons vraiment avec ces marques chercher à créer un prototype une sorte de standard de couche compostable. Notre idée est d’intégrer les couches compostables dès 2025 à la REP (Responsabilité élargie aux producteurs) et que cela devienne une obligation pour tous les fabricants de couches jetables qui seront donc responsables de la vie de leur produit ». L’expérimentation lyonnaise ambitionne donc d’établir un modèle pas seulement pour toutes les crèches de Lyon et de la région, mais pour toutes les couches vendues en France.
En septembre, 30 crèches se lanceront à leur tour dans cette expérimentation jugée « bonne » pour l’environnement (les couches sont compostées sur le même site que les bio-déchets de la métropole), mais aussi pour les enfants car il y a zéro plastique dans ces couches compostables.
Seule ombre au tableau : le coût. Aujourd’hui, ces couches sont plus chères car en phase expérimentale, mais à terme, espère Steven Vasselin, « quand nous aurons créé un standard, le coût sera comparable à celui des couches éco conçues. ». La Ville y croit puisque le budget concernant la poursuite de l’expérimentation a été validé et arbitré !
Pénurie de professionnels : la Ville sur tous les fronts
Lyon, comme tous les grands centres urbains, a pris de plein fouet la pénurie de professionnels de la petite enfance et la crise de recrutement qu’elle a engendré. Elle a dû cette année geler environ 5% de ses berceaux. Elle a pris le taureau par les cornes, a lancé deux grandes campagnes d’affichage en 2022-2023 et ce printemps 2024. Résultat : 40 embauches.
Elle s’est aussi donnée les moyens de mener une politique de revalorisation salariale spécifique. En décembre 2021 : 90 à 250 € nets mensuels pour ses professionnels de crèche. Et en janvier 2024, 100 € nets pour tous les pros de crèches. Elle a en quelque sorte anticipé sur le vote du bonus attractivité de la Cnaf et elle devrait donc bénéficier du soutien financier de l’État pour cette dernière salve d’augmentations.
L'accueil du jeune enfant à Lyon en chiffres
• Nombre d’habitants : 525 000
• Nombre d’enfants de moins de trois ans : 15 267
• Accueil collectif : 48 EAJE municipaux (1797 places), 107 EAJE associatifs subventionnés (3018 places), 29 crèches d’entreprises (1079 places) et 103 micro-crèches Paje (948 places).
• Accueil individuel : 1886 assistantes maternelles agréées, 1872 assistantes maternelles actives, 19 RPE (5 RPE municipaux, 14 RPE associatifs)
• Budget consacré à la petite enfance : 53M€/ an
• PPI / 71M€ pour 2021-2026
Catherine Lelièvre
PUBLIÉ LE 04 juin 2024
MIS À JOUR LE 29 juin 2024