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Commune nouvelle de Saint-Denis : un nouvel élan pour la petite enfance
En ce mois de janvier 2025, Saint-Denis et Pierrefitte-sur-Seine fusionnent en une seule et même commune. Ce regroupement a été l’occasion de remettre à plat le travail des deux villes dans le domaine de la petite enfance et de construire un Service public de la petite enfance (SPPE) sur mesure. Le point avec Alice Rongier, adjointe au maire petite enfance de Saint-Denis.

La commune nouvelle porte le nom de Saint-Denis. Depuis le 1 janvier, les deux services petite enfance n’en forment plus qu’un seul avec à sa tête une direction de la petite enfance. Cela fait deux ans que les deux villes travaillent ensemble sur la mise en place du SPPE. Un défi de taille !

Avec près de 150 000 habitants, dont 7430 enfants de moins de 3 ans, la commune nouvelle sera la deuxième ville la plus peuplée d’Île-de-France, après Paris. « La création de la commune nouvelle et la mise en place du SPPE ont été vues comme une opportunité d’harmoniser et de renforcer nos services d’accueil de la petite enfance, analyse Alice Rongier, adjointe au maire petite enfance de Saint-Denis. Nous avons tout mis à plat et réalisé une cartographie complète des actions qui étaient exercées autour de la petite enfance dans les deux villes aussi bien à destination du public que dans les pratiques de chaque crèche en termes de parentalité, de projet, de rythme avec les enfants. » Cette analyse approfondie a permis de nourrir le schéma pluriannuel de maintien et de développement de l’offre d’accueil du jeune enfant qui sera présenté début 2025.
Deux villes dynamiques sur la petite enfance
Ces deux villes portent la même politique de la petite enfance. Toutes deux ont adopté une démarche volontariste dans ce domaine. Les besoins et les profils de population y sont également semblables. Néanmoins, des différences significatives existent. Par exemple, à Saint-Denis, il y a une grande diversité d’offre d’accueil. On y trouve des crèches privées, publiques départementales, mais aussi des structures innovantes, comme la garderie éphémère, qui propose un accueil occasionnel et gratuit à des parents sans activité professionnelle. Cette offre d’accueil sera ouverte aux habitants de Pierrefitte et pourrait être répliquée dans les prochains mois. Pierrefitte n’est pas en reste. La ville a créé un pôle parentalité au sein d’une crèche et dispose d’une crèche familiale municipale.
Dans les deux villes, les Laep sont gérés différemment. À Pierrefitte, ils le sont par le service municipal de la ville alors qu’à Saint-Denis, ils sont plutôt pilotés par chaque centre social présent dans les différents quartiers. « L’approche de Pierrefitte est intéressante, car elle permet une meilleure coordination et une meilleure connaissance du public. Cette différence nous a permis de réfléchir sur comment, dès la rentrée, on pourrait mieux développer ces lieux afin qu’ils ne soient pas identifiés comme un lieu d’accueil dans un quartier, mais plutôt accessibles à tous les habitants de la ville. », précise Alice Rongier.
Formation renforcée du personnel
Une fois cet audit réalisé, les services petite enfance ont installé une commission commune d’attribution des places en crèche. En 2024, le Conseil municipal de Pierrefitte a fait voter ses propres critères d’attribution de places en crèche calqués sur les critères de Saint-Denis, les deux villes auront ainsi des critères uniques en 2025. Ces critères tiennent compte de la situation familiale, professionnelle, sociale des familles avec cet objectif de transparence et d’équité. « L’enjeu est important, car nous souhaitons aussi attirer les familles les plus éloignées des modes d’accueil. »
Les deux villes ont également travaillé sur la formation des agents, l’idée étant de renforcer les compétences de chacun en proposant un socle commun de formation. « Nous avons proposé une formation commune autour des neurosciences et de la gestion des émotions, sur les gestes et postures à avoir pour le personnel de la petite enfance et sur la détection des enfants en situation de handicap. Nous allons également financer ces formations pour les assistantes maternelles », précise Alice Rongier.
L’élue a reçu en décembre les directrices de toutes les crèches des deux villes, des Rpe et des associations qui œuvrent autour de la petite enfance. Des rencontres qui visent à informer les équipes des changements à venir et développer un sentiment d’appartenance à ce nouveau territoire. « J’ai à cœur que ces personnes puissent se coordonner et à l’avenir, travailler ensemble », ajoute Alice Rongier. En juin prochain, Saint-Denis accueillera la 3e édition du Forum de l’Accueil individuel, un événement festif et pédagogique qui rassemblera ainsi des professionnelles de Saint-Denis et de Pierrefitte. Dès janvier, des rencontres sont prévues avec les familles pour les renseigner sur les services qui seront à leur disposition dans les deux villes et également recueillir leurs besoins.
Les points de vigilance
La fusion des deux villes permettra d’offrir 974 places d’accueil en crèche en 2025 réparties dans 40 EAJE. Avec un taux de couverture de 33 % qui reste toutefois inférieur à la moyenne nationale. En fusionnant, la commune nouvelle multiplie l’offre de service public destinée aux familles, mais quelques incertitudes demeurent. « L’enjeu est de réussir à offrir un SPPE sur l’ensemble du territoire alors que la commune nouvelle est extrêmement vaste, prévient Alice Rongier. Une famille du sud de Saint-Denis pourrait-elle être intéressée par une place d’accueil dans une structure du nord de la ville de Pierrefitte ? Nous devons travailler sur les mobilités, le développement des transports et la création de pistes cyclables.» L’élue souhaite aussi proposer des activités culturelles hors les murs, comme c’est déjà le cas à Saint-Denis. « Le Conservatoire se déplace dans les différentes crèches pour proposer des ateliers musicaux. On aimerait qu’il se déploie sur cette nouvelle grande ville. », ajoute-t-elle.
De plus, le nouvel ensemble a vocation à s’agrandir. D’ici l’automne 2025, le village olympique rejoindra la commune nouvelle. Un tout nouveau quartier dans lequel 6 000 habitants pourront se loger. « Nous allons augmenter notre population et nous devons anticiper et imaginer les besoins en termes d’accueil. ». Se pose avec encore plus d’acuité alors, la question de l’avis préalable du conseil municipal sur l’ouverture d’une structure d’accueil de droit privé sur son territoire. Une nouvelle compétence qui laisse Alice Rongier dubitative. « Dans ce nouveau quartier, autour de Pleyel, nous devrons faire attention à l’implantation de ces crèches à but lucratif. Je m’interroge sur les différentes modalités de l’avis préalable, du contrôle. C’est encore assez flou. »
PUBLIÉ LE 06 janvier 2025